Loi Travail: Valls met la pression sur la CGT «
Maintenant, il faut aller vite et faire adopter ce texte»: c’est, dans Le Journal du dimanche publié hier, l’injonction de Manuel Valls, qui entend bien montrer qu’il n’a aucunement l’intention de céder davantage face à la mobilisation contre la loi Travail. Dans cet entretien, le Premier ministre affirme que le gouvernement assume un «désaccord de fond avec les syndicats qui contestent dans la rue: la décentralisation et la place du dialogue social dans l’entreprise».
«C’est du bon sens!»
S’il dépeint la CGT comme «une grande organisation syndicale» dont «l’histoire se confond avec celle du Front populaire, de la Résistance, de la reconstruction aprèsguerre», le chef du gouvernement martèle qu’ «il n’y aura ni retrait du texte, ni modification de sa philosophie, ni réécriture des articles qui en constituent le coeur». Et d’estimer que les acteurs sociaux «devraient annuler eux-mêmes [les] rassemblements» prévus ce jeudi, compte tenu du contexte actuel de fortes tensions et des enjeux de sécurité. « C’est du bon sens!», juge-t-il, avant de glisser que «si les organisateurs ne veulent pas prendre leurs responsabilités, se désolidariser clairement des violences, si nous constatons que ces manifestations font peser de nouveau un danger pour les forces de l’ordre et les biens publics, alors le gouvernement prendra ses responsabilités» – façon d’agiter la menace d’interdire lesdits rassemblements. Le projet de loi «revient à l’Assemblée le 5 juillet» et à ses yeux «la démocratie sociale, ce n’est pas l’expression permanente de la contestation, c’est le respect des temps démocratiques». Prié de dire si ce souci de vitesse signifie un deuxième recours à l’arme constitutionnelle du 49-3 pour faire adopter le texte sans vote à l’Assemblée, Manuel Valls se borne à répondre: «Je prends les étapes les unes après les autres».
«Il y aura des formes de mobilisation cet été»
Des déclarations qui n’ont pas fait frémir Philippe Martinez. «Les manifestations seront maintenues tant que le texte du gouvernement sera maintenu», a répliqué hier, sur iTélé et Europe 1, le secrétaire général de la CGT. Et de promettre qu’ «ily aura des formes de mobilisation cet été». Tout en expliquant que «la CGT est responsable» : «Nous avons annulé une manifestation lundi à Toulouse, sur demande du préfet, parce qu’il y a un match de la Russie avec un risque de présence de hooligans.» Selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France diffusé sur Internet samedi, une large majorité de Français – 60% – considère que le mouvement syndical contre la loi Travail reste «justifié» .Un chiffre qui s’élève à 90% chez l’électorat du Front de gauche, et qui tombe à 49% chez les sympathisants du Parti socialiste.