Primaire à gauche: le PS vante une avancée, la droite moque Hollande
Au lendemain de la décision du Parti socialiste d’organiser une primaire – François Hollande compris – pour la candidature à l’élection présidentielle de 2017, Manuel Valls et le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis ont défendu hier une innovation démocratique, tandis que la droite insiste sur un signe de faiblesse du président sortant. Le Premier ministre, lui-même candidat lors de la première primaire «ouverte» du PS en 2011, a dépeint ce processus comme une voie vers l’unité, car «il s’agit d’être au second tour» de la présidentielle. Un tel scrutin ne dévalorise-t-il pas le statut du président ? «Qu’y a-t-il de dévalorisant à retourner devant les Français, à défendre ses idées, à expliquer son action? C’est cela, la démocratie!» a plaidé le locataire de Matignon.
Un revirement récent
De son côté, le numéro un du PS a vanté une initiative avantgardiste dans le paysage politique français. «Le Parti socialiste a inventé la primaire [pour une présidentielle française, en 2011, Ndlr], tout le monde l’a imité. Il invente la primaire pour un président sortant, tout le monde l’imitera», a-t-il parié sur Twitter. Il y a quelques mois, l’exécutif et le Parti socialiste se montraient pourtant bien plus frileux, voire opposés pour certains, à l’idée d’une primaire. En mars 2015, Manuel Valls s’était dit «très méfiant à l’égard de toutes les initiatives qui consisteraient au fond à nous faire revenir à une autre République». Et en février dernier, il avait jugé que le président sortant, «candidat naturel», n’avait «pas à se soumettre à une primaire, qui ne concernera d’ailleurs pas toute la gauche». Quant à Jean-Christophe Cambadélis, il écartait encore l’idée en septembre : «On ne peut pas vouloir lutter contre la fragmentation et l’organiser en son sein avant la présidentielle.» Mais l’impopularité record et durable de l’exécutif a changé la donne: il s’agit de relégitimer une candidature de François Hollande, largement contestée parmi ses propres rangs, et faire ainsi se taire les voix dissidentes. Et, tant qu’à faire, tenter d’éliminer des rivaux gênants sur l’aile gauche, notamment Arnaud Montebourg; tout en isolant Emmanuel Macron, tenté par une candidature hors parti.
« La manifestation de son échec »
La droite, qui imitera le PS de 2011 en novembre en menant sa première primaire, a pour sa part moqué un camouflet pour le président : repasser par «sa petite case départ» est «la manifestation de son échec», a raillé hier l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Il s’agit d’une «erreur» qui «abîme nos institutions et fait le jeu des partis», a regretté de son côté l’ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré. Quant à Bruno Le Maire, «pas favorable» à une primaire systématique pour les présidents sortants, il a estimé que «la seule chose que sait faire François Hollande, c’est s’occuper du Parti socialiste».