L’Italie suspendue au résultat des municipales
Les habitants des principales villes d’Italie votaient hier, sans enthousiasme, pour le second tour de municipales qui pourraient voir une femme remporter Rome pour la première fois, et lancer un avertissement au chef du gouvernement Matteo Renzi. De 7 heures à 23 heures, près de neuf millions d’électeurs étaient appelés à élire leur maire dans 126 communes, dont Rome, Milan, Naples, Turin ou Bologne. Mais la participation, déjà en berne au premier tour, a accusé un nouveau coup : à 19 heures, elle était d’environ 36,5 %, contre 43,6 % il y a deux semaines.
Rome aux mains du mouvement de Beppe Grillo?
A Rome, où convergeaient tous les regards, la candidate du Mouvement 5 étoiles (« M5S », populiste) du comique Beppe Grillo, Virginia Raggi, était arrivée en tête du 1er tour avec dix points d’avance : 35 % des suffrages, contre 25 % à Roberto Giachetti, soutenu par le Parti démocrate («PD», centre-gauche) du Premier ministre. Ce mouvement est aussi à la peine à Turin, où le maire sortant est également menacé par une jeune candidate du M5S; et surtout à Milan, la capitale économique du pays, où son candidat Giuseppe Sala (38,5%) est au coude à coude avec celui du centre-droit, Stefano Parisi (38,4%). Le duel gauche-droite se jouera aussi à Bologne, mais le parti de Matteo Renzi n’est même pas arrivé au second tour à Naples, où l’atypique maire de gauche Luigi De Magistris est bien parti pour remporter un nouveau mandat. Une analyse nationale des résultats restera cependant délicate, le M5S étant absent à Naples, Bologne et Milan, la droite déchirée à Rome mais unie à Milan.
Matteo Renzi tente de minimiser
Depuis des semaines, Matteo Renzi tente d’ailleurs de minimiser la portée du scrutin en répétant que «la mère de toutes les batailles» politiques reste, pour lui, le référendum prévu en octobre sur sa réforme constitutionnelle, sur lequel il s’est engagé à démissionner en cas d’échec. Le M5S y compte bien. Fondé en 2009 et devenu le deuxième parti du pays avec 25% des voix dès les législatives de 2013, il pioche dans ses propositions à droite comme à gauche, y compris dans les extrêmes, et continuer de tisser sa toile aux élections locales, en s’appuyant toujours sur la dénonciation d’une classe politique «malhonnête». C’est ce discours que Virginia Raggi a répété à l’envi pendant sa campagne, sans vraiment entrer dans les détails de son programme pour redresser une ville croulant sous une dette de 12milliards d’euros, ni présenter les têtes de sa future équipe. Les résultats définitifs ne sont attendus qu’aujourd’hui.