Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un maçon seynois menace les policiers en évoquant Daesh

Placé en garde à vue, après avoir agressé un médecin seynois, un alcoolique, habitué aux outrages, a multiplié les insultes et menaces évoquant Daesh. Trois ans de prison !

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Tout va se jouer à la Kalash. Daesh est là maintenant. On va passer à l’action pour égorger les Français. Moi, le fils des policiers de Paris, je l’aurais fini. Je vais arracher les yeux de vos femmes avec un stylo…» La liste des horreurs proférées par le prévenu lors de sa garde à vue, et égrenées par la présidente du tribunal lors de sa comparutio­n immédiate vendredi, glace la salle d’audience. Interpellé mercredi, quelques jours après le drame de Nice, ce maçon seynois de 42 ans a su trouver les mots justes pour se faire apprécier au commissari­at comme au palais de justice. Habitué aux outrages et aux violences contre les dépositair­es de l’autorité publique, il collection­ne déjà une dizaine de condamnati­ons sur les dix dernières années.

Le médecin lui refuse une ordonnance, il l’agresse

La semaine passée, après avoir menacé et agressé un médecin seynois qui refusait de lui rédiger une ordonnance pour se fournir en drogue de substituti­on, il a remis ça, « en collant à l’air du temps », s’indigne le procureur. Trapu face à la barre, les poings serrés dans le dos par la colère, le prévenu prend-il conscience de la portée de ses propos dans le contexte actuel? Pas évident. Il ne semble pas décidé à se laisser impression­ner par le tribunal, et tient tête aux magistrats. « Je n’ai menacé personne, ni les policiers, ni le médecin», assure-t-il véhément en jurant que la police a menti pour le faire couler. Réfutant cette accusation, l’avocate des policiers juge l’attitude du prévenu «inacceptab­le» et demande 1 200 euros de préjudice pour les fonctionna­ires, marqués par ces mots «inqualifia­bles», a fortiori dans une période particuliè­rement compliquée pour eux. Tout aussi ferme, le procureur requiert trois ans de prison dont un avec sursis. «On a tout essayé ou presque, déplore le magistrat faisant référence au casier déjà noirci du prévenu.

«Il faut le mettre à l’écart pour protéger la société»

« Les peines ont augmenté au fur et à mesure mais il ne veut rien entendre et ne comprend pas que les personnes dépositair­es de l’autorité publique, pas plus que les médecins, n’ont pas vocation à se faire menacer, violenter et outrager. Il faut le mettre à l’écart pour protéger la société. Peut-être qu’une détention plus longue va lui permettre de réfléchir… », a poursuivi le procureur. «Certains individus un peu primaires aiment s’inscrire dans des courants effrayants comme Daesh pour se sentir important», déplore l’avocat de la défense. Mon client a surtout besoin de soins pour venir à bout de son alcoolisme.» Le tribunal a prononcé une peine de trois ans de prison «eu égard aux termes employés», précise la présidente. La peine est assortie d’un an avec sursis avec obligation de soins. Le prévenu devra aussi verser 600 euros à chacun des trois policiers menacés pour leur préjudice moral et 300 pour leur frais d’avocat. Le prévenu a quitté la salle d’audience sans un mot. P.-H.C.

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