Jean-Christophe Spinosi : complètement “barock”
Le chef d’orchestre et violoniste français, habitué des scènes internationales, parle de son rapport à la musique, avant son concert, demain soir à la Collégiale
Vendredi soir, lors de “Barock’n’Roll”, premier concert avec son ensemble, dans le cadre du festival de la collégiale de Six-Fours, JeanChristophe Spinosi jouait L’été des Quatre Saisons de Vivaldi au violon électrique, avec une pédale de distorsion, pour un son rappelant quelque peu celui du guitariste de hard rock Eddy Van Halen. Mercredi, il dirigera son même ensemble, Matheus, pour une interprétation intégrale du chef-d’oeuvre de Vivaldi sur des instruments baroques. On l’aura compris, Jean-Christophe Spinosi, chef d’orchestre et violoniste, est pour les « interactions entre les époques, les moments, le public ». Une façon révolutionnaire d’envisager la musique classique, qui n’est sûrement pas étrangère à la renommée internationale de ce chef français, ami de Cecilia Bartoli et Philippe Jaroussky. Il ouvrira notamment en septembre la nouvelle saison de l’Opéra national de Hambourg avec La Flûte enchantée ,et dirigera, l’année prochaine, pas moins de trois opéras en un mois et demi, avec l’orchestre philharmonique de Vienne.
Vous jouez du classique comme on joue du moderne. Quand est née chez vous cette conception, pour faire tomber les barrières de la musique ? Depuis toujours. J’ai toujours travaillé sur ce sujet. Depuis le début de l’ensemble, en et moi-même, depuis que je suis jeune. Je me suis toujours demandé pourquoi, quand on interprétait des partitions qui avaient parfois plusieurs siècles, on nous demandait dès le conservatoire de se mettre dans une autre attitude que celle de la vie. On imitait vaguement la vie, mais on ne la vivait plus vraiment, on la représentait, et du coup je me suis dit qu’il fallait absolument jouer comme on était. Moi, j’ai des passions, qui vont des musiques symphoniques, de l’opéra, de la musique baroque, de la musique de chambre... au rock, à la chanson française, aux polyphonies corses. J’ai fait l’orchestre pour pouvoir jouer comme j’avais envie de jouer avec mes petits camarades et repartir à chaque fois de zéro et être très subjectif. Parce que je pense que les musiciens du XVIIIe siècle ne faisaient pas deux concerts identiques. Leur créativité venait de leur invention et de leur parcours personnel.
Pour Les quatre saisons de Vivaldi, vous proposez une « interprétation “en mouvement” en interaction avec le public » . De quoi s’agit-il ? Est-ce que c’est moi qui ai dit cela? Cette musique est très connue, mais elle a une particularité qui n’est pas forcément connue de tout le monde. Vivaldi était un des champions de la musique descriptive. Avec Les Quatre Saisons, écrit quatre poèmes, qui décrivent chacun une saison. Dans Le printemps, par exemple, vous avez les éléments suivants : les oiseaux chantent, la rivière coule… Chaque élément qu’il y a dans le poème, on l’entend en note, précisément. Lors du concert, je lis chaque phrase du poème au début de chaque saison et je joue les notes qui correspondent pour que les gens les aient dans l’oreille. Après on rejoue toute la saison. Cela change complètement l’écoute. Les premières fois où j’ai fait de la musique, c’était en chantant autour de la table, ou à la veillée, en Corse. Je trouve que c’est bien d’essayer de repartager la musique comme ça. il a
Rinaldo, opéra d’Haendel, que vous avez déjà donné avec le contreténor français Philippe Jaroussky, figure au programme d’Amitiés franco-coréennes. Qu’a-t-il a de particulier pour vous ? Pour moi, l’extrait qu’on va jouer est très «guitar hero». C’est Venti Turbini. Il y a un duo de folie avec un chanteur et un violon. La musique baroque est parfois extrêmement moderne. PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE PALA Demain soir à 20h30, à la collégiale, concert Vivaldi “Les Quatre Saisons”. Rés. obligatoires pour les générales au 04.94.34.93.50. Concerts : 33,50 euros / réduit 27,50 euros / spécial 14,50 euros. Packs possibles. Billetterie dans les points de vente habituels.