Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Moineau manager taille patron

Quadruple champion du monde au guidon durant les années 80, le Varois dirige avec bonheur une équipe privée qui devance les teams officiels en tête à mi-chemin de la saison 2016

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Toutes derrière et elle devant ! Après deux des quatre virages jalonnant le championna­t du monde d’endurance 2016 (FIM-EWC), ne cherchez pas une équipe dite « d’usine » au sommet de la hiérarchie provisoire. Incroyable mais vrai : alors que l’on attendait un combat des chefs entre les représenta­nts officiels des quatre marques japonaises, aujourd’hui, c’est bel et bien une structure privée qui trône en tête : le team April Moto Motors Events. D’abord épatante 2e des 24 Heures du Mans, puis 5e des 12 Heures de Portimao, au Portugal, la Suzuki GSXR numéro 50 pilotée par le Britanniqu­e Gregg Black, le Belge Grégory Fastré et l’Australien Alex Cudlin se permet de damer le pion aux machines en lice pour la couronne suprême.

« Une bonne surprise »

La Kawasaki SRC victorieus­e du Bol d’Or 2015 et au Mans en avril ? Deuxième à 6 longueurs. La Suz’ du SERT, championne du monde en titre ? Troisième à 7 points. La Yamaha GMT 94 et la Honda Racing Endurance sont quant à elle reléguées beaucoup plus loin, respective­ment

E à 21 et 23 points... « Bien sûr, comme on ciblait le top 5 au départ, cette position de leader constitue une bonne surprise » , savoure le team-manager du commando basé en banlieue parisienne, à Montlhéry, un certain Hervé Moineau. Quand il ne distille pas ses conseils d’expert aux apprentis motards de l’école de conduite Easy Monneret, sur le circuit Paul-Ricard, celui qui fut le premier champion du monde d’endurance (en 1980, avec Marc Fontan) tient les commandes de l’écurie créée en 2009 par son ami Marc Mothré. « Ma seule expérience en la matière jusquelà, c’était le Bol d’Or 2004, où Suzuki France et le magazine Moto Revue m’avaient demandé de diriger l’équipe bâtie autour de Kevin Schwantz », poursuit l’ancien pilote couronné à quatre reprises (1980, 83, 87, 88). « Après ma longue période d’entraîneur national à la tête de l’équipe de France vitesse, je ne me destinais pas spécialeme­nt à occuper un tel poste. Mais puisque Marc comptait sur moi, nous avons tenté l’aventure. Conduire une équipe, vous savez, ça n’a pas grandchose à voir avec le pilotage d’une moto. Ce n’est pas parce que vous roulez vite que vous êtes capable de manager. On a donc rodé notre organisati­on tranquille­ment. Comme une évidence, compte tenu de mes quinze saisons au SERT, je me suis adressé à Dominique Meliand ou à mon ancien chef mécano lorsque j’avais besoin d’un conseil. Aujourd’hui, ça fait bizarre de se retrouver devant eux au classement... »

« On connaît nos limites »

Vainqueurs de la Coupe du monde FIM Superstock en 2011 et 2013, le boss varois et ses hommes ont intégré la catégorie reine il y a deux ans. « 2015 fut une saison globalemen­t compliquée, avec pour meilleurs résultats les dixièmes places acquises au Mans et au Bol. Conscients de nos lacunes, on s’est remis en question, on a revu notre copie durant l’hiver. La réussite actuelle ne nous tourne pas la tête. Lors des deux premières étapes, nous avons tout simplement su profiter de circonstan­ces favorables. Pendant que certains teams de pointe enchaînaie­nt les déboires, chutes ou pannes, nos pilotes, au top, sont passés entre les gouttes. Toute l’équipe s’est montrée irréprocha­ble, parvenant à compenser son déficit technique par un travail cohérent et une bonne ambiance Toutefois, on ne se prend pas pour d’autres car nous connaisson­s nos limites. » Alors que les 8 Heures de Suzuka (30-31 juillet) se profilent droit devant, le David de l’EWC pense-t-il avoir une chance de terrasser les Goliath lancés à ses trousses ? « Garder les devants jusqu’au bout avec notre machine 2015 dépourvue de toutes les dernières évolutions, sur le papier, ça paraît impossible », lance Hervé Moineau avant de décoller en direction du pays du Soleil levant. « Mais attention : Suzuka peut aussi réserver des surprises. Làbas, vu le plateau traditionn­ellement très étoffé, la tâche s’annonce rude pour tout le monde. Normalemen­t, on va perdre des points. Peut-être pas trop... Seule certitude : si nous figurons toujours dans le top 3 du général après cette manche, il y aura une belle carte à jouer lors de la finale allemande, aux 8 Heures d’Oschersleb­en. » Paroles de team manager taille patron...

GIL LÉON

 ?? (Photos AFP) ?? Hervé Moineau (en haut, à droite) et ses hommes donnent du fil à retordre aux machines officielle­s. Toutes derrière et la Suzuki numéro  devant !
(Photos AFP) Hervé Moineau (en haut, à droite) et ses hommes donnent du fil à retordre aux machines officielle­s. Toutes derrière et la Suzuki numéro  devant !
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