Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Ils ont volé la vie de mon frère »

La famille d’A’Abdel-Hakim témoigne

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Frappé en pleine tête alors qu’il était sur son balcon, le jeune homme de  ans est dans un état critique depuis dix jours. Ses proches restent dans une totale incompréhe­nsion. Une page Facebook rassemble plus de  soutiens.

U «n garçon bien. Un garçon du quartier qui avait toujours un sourire, toujours un mot gentil.» Près des immeubles de la Grande Plaine, dans l’est toulonnais, le choc est immense. Depuis dimanche 18 septembre, Abdel-Hakim lutte pour la vie. Le jeune homme de 21 ans est toujours hospitalis­é à Toulon, « dans un état critique, avec un pronostic vital engagé, mais dans un état stationnai­re», confient ses proches. «Il a tenu pendant 16 heures sans soins, alors il faut garder espoir qu’il s’en sorte », veut croire une de ses soeurs. Aucune interventi­on chirurgica­le n’est envisageab­le pour l’instant. Les médecins attendent que l’hématome provoqué par l’impact reçu en plein front diminue. Abdel-Hakim a été victime d’une balle perdue (Varmatin du 21 septembre). La pire injustice qui soit.

« Ça tirait de partout »

«Il sortait de son foot, il avait fait son sport. Il avait mangé dehors. Il était rentré, avait pris une douche et regardait le PSG jouer à la télé», explique l’un de ses frères. Le reste de cette soirée de dimanche, il ne peut que l’imaginer. « Ça tirait de partout, la parabole sur le balcon a été touchée. Un grand bruit a été entendu. Il a juste voulu voir ce qu’il se passait.» S’est-il seulement dressé dans l’encadremen­t d’une porte-fenêtre ? La chambre donnait sur le balcon et c’est là, effondré par terre qu’Abdel-Hakim a été retrouvé… 16 heures plus tard. Lundi en fin d’après-midi, en rentrant à la maison, l’un de ses frères aînés a découvert son corps ensanglant­é en s’approchant du balcon. Stupeur, panique et incompréhe­nsion. Ses proches, mais aussi des habitants du quartier décrivent unanimemen­t un jeune bien. Il avait réussi un BTS en management des unités commercial­es, passé au lycée Beaussier de La Seyne. Il devait faire sa rentrée en octobre, en licence en alternance. Sa soeur raconte : «Il avait du mal à trouver une entreprise. Vous savez, lorsqu’on vient de la Grande Plaine, ça fait peur. Les gens généralise­nt vite. » Après avoir passé plusieurs entretiens, Abdel-Hakim devait bénéficier d’un coup de pouce de la Chambre de métiers, toujours selon sa soeur, « pour lui trouver une entreprise».

Travail pour payer ses études

Le jeune homme est méritant. « Il a travaillé au centre social de Sainte-Musse, en centre aéré. Pour gagner des sous, pour payer ses études. Et sans faire de trafic. Il n’a rien à voir avec les drogues.» Abdel-Hakim avait également fait plusieurs mois de service civique et deux femmes qui l’ont côtoyé en gardent un souvenir parfait. «Il s’impliquait auprès des jeunes, pour l’aide aux devoirs, le foot. Un garçon vraiment bien», confient-elles avec affection et chagrin. «On voudrait prendre des nouvelles et pouvoir soutenir la famille. »

« Petit Marseille »

« Ce jeune, il avait tous les atouts, poursuit un habitant rencontré à 200 mètres du domicile familial. Mais il y a eu ces tirs. Ce sont des tirs d’intimidati­on, vous savez. Ici, ce n’est pas Marseille, mais c’est un petit Marseille.» Certains veulent faire leur loi. Et autour, c’est l’omertà. L’entrée au rez-de-chaussée de l’immeuble d’AbdelHakim est criblée de balles. «Ce n’est même pas sûr que ce sont celles du dimanche soir. » Lorsque deux rafales de tirs ont éclaté, sur deux bâtiments différents, le soir du 18 septembre, personne n’était visé en particulie­r. Dans le quartier, c’est une conviction. Une a frappé Abdel-Hakim qui ne demande qu’à vivre et à tracer sa route. «Ils ont volé la vie de mon frère, qui ne le méritait pas». L’enquête ouverte a été confiée à l’antenne toulonnais­e de la police judiciaire.

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(Photos Luc Boutria et DR) Les proches, comme les habitants du quartier, décrivent un jeune homme qui voulait s’en sortir. Travailleu­r, engagé auprès des jeunes, il devait faire sa rentrée en licence en octobre.
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