Collaboration et sécurité
8 heures, jeudi. Le Ierobis, bateau du club de plongée associatif Iero, quitte Hyères, son port d’attache. À bord, des plongeurs chevronnés. Certains, comme Adrien, Patrick, Bruno, sont des actifs, qui ont pris une journée ou plus, pour s’adonner à leur deuxième passion, l’archéologie. D’autres, comme Bernard ou Ulysse, sont à la retraite. Après une demi-heure de traversée, leur bateau s’amarre à L’André Malraux, le fleuron français de l’archéologie sous-marine, ancré à 200 mètres du Cap des Mèdes. Ce navire de 36 mètres doté des dernières technologies et respectueux de l’environnement, sert de support de plongée (humaine et robotisée) pour des campagnes de protection des biens culturels maritimes français et de recherches en archéologie sousmarine.
Sécurité maximale
Ils sont accueillis par Souen Fontaine, archéologue du DRASSM (1), qui va superviser les opérations. Dans la salle de réunion, elle établit le programme des palanquées avec Alex Sabastia, responsable de ces recherches. Outre les bénévoles du club Iéro, Daniel et Romain, des étudiants venant de terminer un master en archéologie vont y participer, ainsi que Laurent, du CNRS, Peggy, du parc national de PortCros, et Sandra Greck, présidente de l’association Arkaéos (2). « Cette épave est intéressante, très concrétionnée. On a retrouvé des éléments de pompe de cale par le passé et on peut supposer que la coque est en dessous ». Cette collaboration entre amateurs et professionnels se traduit jusque dans la composition des palanquées. Horaires de départ, durée de plongée, matériel tout est soigneusement réfléchi, organisé. À chacun est attribué un rôle, un secteur (sondage A sur l’épave ou B à côté). Un plongeur supplémentaire est posté, prêt à intervenir en cas de problème. La première palanquée part à 10 h 25. Sous l’eau, le temps est précieux, pas plus de 35 minutes au fond. Simultanément, trois archéologues utilisent les suceuses qui aspirent le sable dans l’espoir de découvrir les vestiges antiques. Il faut faire attention car congres et murènes sont présents sur le site.
Congres et murènes
À bord, le chef de sécurité hyperbare, Sébastien Legrand, répète les consignes, vérifie en permanence la distribution des gaz de décompression, veille scrupuleusement sur chaque plongeur, à l’aller et au retour. Ce ballet va se reproduire toute la journée, avec deux photographes pour immortaliser les opérations. Vers 16 h 30, il est temps de faire le bilan. Malgré les efforts déployés par tous, la déception est au rendez-vous. Mais le sentiment du devoir accompli aussi. 1. Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines. 2. Arkaeos, association loi 1901 née en 2004, réunit de jeuneschercheurs,étudiantsouprofessionnels,quimontent des programmes de recherches ou de valorisation avec les institutions. Elle est spécialisée dans le développement et lavalorisationdel’archéologie,enparticuliersubaquatique et sous-marine.