Elues Miss Rondes à Néoules, elles reviennent sur leur sacre
Au règne de l’anorexie cliquetant sur podium, telle une danse macabre antipathique, elles opposent leurs courbes de rondes bien dans leurs formes et leur sourire pulpeux. Pas d’angle. Pas d’arête. Pas de concave. Que du convexe pour ces Niçoises, sacrées au royaume des dodues. Qui ont boulotté deux titres à Néoules, le 17 septembre, en présence de six autres candidates, toutes varoises. La couronne de Miss Ronde Côte d’Azur s’est posée sur la jolie tête de Lauralee Bonnet, 19 ans, étudiante en licence d’information-communication. Le titre de première dauphine a consacré Olivia Gagliardi, 35 ans, originaire de Menton, mais niçoise d’adoption, employée de bureau pour une parfumerie sur internet. Une élection hors norme. Âge minimum : 18 ans mais après, c’est no
limit. La règle physique ? Peu importe la toise, «l’essentiel est de peser au moins 5 kg de plus que sa taille…»
Lauralee : 1,61 m, taille 42. Un visage de poupée. Meurtrie durant l’enfance. « J’ai été blessée par les moqueries des autres. J’ai essayé de maigrir, en vain. Au fond de moi, je n’en avais pas envie et je voulais m’accepter telle que j’étais.» Parcours similaire pour Olivia : «J’étais différente des autres. Leur regard peut faire mal. C’était grave par moments. Moi aussi, j’ai enchaîné régime sur régime, motivée… sans l’être vraiment. Et puis, en grandissant, en vieillissant, on réalise qu’il n’est pas nécessaire d’entrer dans les standards physiques. »
Un défi, une aide
Duo épicurien. Refusant de se brouiller avec la gourmandise. La salade sans vinaigrette, le yaourt sans sucre, l’apéro aux bulles d’eau gazeuse, déclenchent chez elles, un rire gras. Un jour, leur chemin croise celui du comité Miss Ronde, que président Sabrina Barsazi au niveau régional et Thierry Frézard à l’échelon national. L’heure de la revanche a sonné. Lauralee se présente «par défi personnel et envie de promouvoir cet état d’esprit de défense de la cause des rondes. Voir que dans les boutiques de mode, les tailles s’arrêtent au 42 m’énerve!» Portée par la vague des mannequins XXL, sublimes, Olivia, elle, souhaite
«apporter sa pierre, aider les filles qui se laissent aller parce que trop grosses, qui culpabilisent». Inscriptions. Plusieurs mois d’entraînement, de répétitions. Car l’épreuve est balèze: expliquer publiquement sa présence à l’élection, défiler en maillot, en sous-vêtements, en robe de mariée, en pin-up. Mais on ne défile pas les genoux cagneux en dedans, exhibant une gueule creusée de six pieds de long comme sur les red carpets parisiens. « Il y avait huit chorégraphies. On a dansé la salsa en maillot. Pas évident devant près de 300 spectateurs. Pourtant, le public a adoré.»
Racisme anti-gras
Avec leur corpulence bien affirmée, elles se dépassent. Osent. Grimpent sur le podium. Triomphantes. Porteuses d’un message : «L’important est de se sentir bien. Rappelez-vous les muses de la Renaissance. La femme est belle.» Lauralee a exorcisé quelques vieux démons. Olivia considère son écharpe comme un relais à passer à de futures candidates. Les deux Niçoises participeront à l’élection nationale en janvier. Histoire de remonter au créneau pour traiter ce racisme à l’encontre des grassouillettes, de grosse enflure!