Carabistouilles
Pour Madame Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Education nationale, les demandeurs d’emplois mois d’août ne sont qu’un « soubresaut » sur l’inversion à ses yeux incontestable de la courbe du chômage. Pour Monsieur Michel Sapin, tout puissant ministre de l’Economie, « sur l’ensemble du quinquennat, l’effort de redressement des comptes publics est bien plus important qu’Outre-Rhin. » Pauvres ignorants que nous sommes, la vérité gouvernementale est absolue et nous sommes priés de la gober sans discuter sauf à être taxés d’incompétents, de démagogues ou d’esprits mal intentionnés. Certes, ce pouvoir n’est pas le premier qui s’acharne à nous raconter des carabistouilles mais, même si nous entrons en période électorale, la ficelle cette fois est un peu trop grosse. On aimerait, d’abord, plus de modestie ou de tact dans les propos de nos éminents ministres. Les personnes qui se sont retrouvées au chômage en août apprécient sans doute d’être considérées comme des « soubresauts », autant dire quantité négligeable ! On attend un peu plus d’humanité et de sensibilité, surtout de la part d’un gouvernement de gauche. En outre, ce « soubresaut » prend bien des libertés avec la réalité. Il est vrai qu’elle est rude pour François Hollande : le nombre des demandeurs d’emploi – qui
devait diminuer dès – est passé de en catégorie A et toutes catégories confondues et en août . Vous avez dit inversion ! Par rapport à quoi ? Et l’avenir n’est pas rose si l’on en croit l’Unedic : certes, nous pourrions enregistrer une baisse d’ici à la fin de l’année mais les chômeurs qui devraient sortir des statistiques seront surtout des personnes passées en formation et qui, pour beaucoup, risquent fort de redevenir ensuite demandeuses d’emploi. L’Unedic, d’ailleurs, nous annonce, hélas, chômeurs supplémentaires en . Encore un « soubresaut »,
sans doute... Quant à notre remarquable effort de redressement des comptes publics, il laisse, lui, de marbre l’impartial juge de paix qu’est le Haut conseil des finances publiques. Il estime, en effet, que les objectifs du budget sont « improbables » . Michel Sapin n’en a cure, persiste et signe sans s’occuper des « soubresauts » de ce conseil mais aussi du FMI et de l’OCDE qui jugent irréaliste la croissance de ,% retenue pour élaborer le budget de l’année prochaine. Peu importe aussi au grand patron de Bercy que l’Allemagne affiche un excédent budgétaire de , % du PIB et une dette ramenée à % du PIB quand la nôtre atteint désormais ,% et notre déficit est encore supérieur à %. Devant tant d’autosatisfaction, on ne peut s’empêcher de se rappeler la célèbre chanson de Paul Misraki : « Tout va très bien madame la marquise... »
« La vérité gouvernementale est absolue et nous sommes priés de la gober sans discuter »