Procès de la “chemise arrachée” d’Air France: la stratégie du déni
Ils n’ont rien fait ou une simple «poussette», ont cherché au contraire à protéger les dirigeants d’Air France: cinq salariés, jugés pour l’épisode de la «chemise arrachée», ont tenté, hier, de faire mentir les images qui les ont « condamnés par avance ». Au premier jour des deux jours de leur procès devant le tribunal correctionnel de Bobigny, cinq des quinze prévenus ont été confrontés à leurs accusateurs: des vigiles, les deux cadres dirigeants de la compagnie aérienne qui ont été malmenés lors de la manifestation du 5 octobre 2015. Et des images. «Ce n’est pas ma place, ici. Je suis là pour défendre l’emploi, les jeunes », a affirmé Pascal Macquet, accusé de violences sur Xavier Broseta, le DRH, et Pierre Plissonnier, le responsable de l’activité long-courrier dont la chemise en lambeaux est devenue un symbole de la violence sociale et a terni l’image de la France à l’étranger. «On a toujours été traités comme des coupables, on nous a condamnés d’avance» sur la foi d’images partielles, a dénoncé Fabrice Lhermitte, un autre prévenu. Samir Ait Taleb n’a «rien fait» non plus. Ce n’est pas lui qui, voulant empêcher M. Broseta de s’enfuir, a arraché sa chemise. « Que vouliez-vous que je fasse d’une chemise?», interroge, provocateur, le prévenu. Ces dénégations finissent par agacer Frédérique Baulieu, avocate du DRH. «On est tous au moins d’accord pour dire qu’il lui est arrivé quelque chose, non ? », ironise-t-elle. À la suspension, les avocats des parties civiles sont unanimes pour fustiger le procédé qui consiste à « transformer les victimes en coupables et les coupables en victimes». «C’est bien de rappeler que je suis victime », a déclaré Pierre Plissonnier. Le cadre aux cheveux blancs a témoigné de «l’humiliation que constituent ces images», qui ont été vues « 1,4 milliard de fois dans le monde entier. »