«Le médicament générique ce n’est pas du low cost»
L’Agence régionale de santé (ARS) mène actuellement une campagne de sensibilisation pour promouvoir une consommation médicale responsable
Sur les murs d’une salle de l’Agence régionale de santé (ARS), deux affiches vantent les atouts d’un médicament qui « amérité de vous soigner » et possède «vingt ans d’expérience derrière lui ». Cette campagne de sensibilisation s’inscrit dans le cadre du plan national d’actions de promotion des médicaments génériques, présenté par la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine. Ces derniers, conçus à partir d’une molécule déjà existante dont le brevet est tombé dans le modèle public, ont encore du mal à s’extirper de l’ombre de leurs aînés : les médicaments d’origine, dits princeps. « Nous effectuons un immense travail d’information au quotidien, explique le Dr Françoise Pasquali, vice-présidente du syndicat des pharmaciens du Var. Les patients sont encore peu rassurés quand ils se voient prescrire un médicament différent de celui écrit sur l’ordonnance. Pourtant les génériques sont des médicaments de qualité et en aucun cas des contrefaçons. Nous devons, quand c’est nécessaire, tout remettre à plat avec chaque patient et parfois au sujet de chaque molécule.» Le Dr Joëlle Micaleff ajoute que «le médicament générique n’est pas un low cost» et qu’ «il n’y a pas plus d’effets secondaires comparativement au princeps.» Si du point de vue de la thérapie et de l’efficacité, les deux « frères ennemis » paraissent semblables, leur prix constitue l’élément de différence principal.
Prise de conscience et action citoyenne ?
Selon une étude de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) datant de 2012, les médicaments génériques sont en moyenne 30 % moins chers que ceux d’origine, ce qui aurait permis entre 2010 et 2014 d’effectuer une économie de 7 milliards d’euros, à en croire l’Assurance maladie. «Il est impératif que les patients aient bien cela en tête, détaille le Pr Milou-Daniel Drici, cardiologue au sein du CHU de Nice. Dans le domaine médicamenteux, sur 100 euros cotisés par le contribuable, environ 25 iront directement dans la poche de l’industrie pharmaceutique et ceci en bénéfice net, une fois soustraites toutes les dépenses de recherche et de publicité. Je trouve ça profondément anormal. Accepter de se faire prescrire un médicament générique est à ce titre une action citoyenne, d’autant qu’aucune étude de dossier relatif à des effets indésirables plus importants dans l’utilisation du générique plutôt que le princeps ne
s’est révélée exacte.» Grâce au plan national de promotion, l’ARS escompte, en décembre prochain, atteindre l’objectif fixé d’un taux d’utilisation des médicaments génériques de 86% à l’échelle de la région. « Aujourd’hui, nous tournons autour de 84,5 % alors qu’en 2012, le taux avoisinait 60%, se félicite Pierre-Yves Duthilleul, directeur ajdoint de la caisse primaire central d’assurance maladie dans
les Bouches-du-Rhône. Il est clair qu’il y a eu une prise de conscience de la part des patients mais il faut encore continuer. Les écarts entre les différentes régions sont minces, mais les sommes remboursées se chiffrant en milliards d’euros, le moindre pourcentage gagné se traduit par des chiffres très concrets.»