D’autres pays ont déjà tenté l’expérience
Si l’idée du Revenu universel commence doucement à s’émanciper en France, plusieurs pays ont, eux, commencé à la tester. C’est le cas de la Finlande, souvent précurseur dans bien des domaines, qui lancera une expérimentation nationale sur deux ans, dès janvier 2017. « Le gouvernement décidera alors de l’adopter définitivement en 2019» , commente Nicole Teke. Là-bas aussi, l’objectif (annoncé par un gouvernement de centre droit) est de remplacer l’ensemble des allocations versées par l’État par un revenu de base qui tournerait autour de 800 euros. Coût du projet, selon le MFRB : « 20 millions d’euros dépensés sur deux ans pour 6 000 personnes âgées de 18 à 65 ans ». Un peu plus au sud, les Pays-Bas se sont, eux aussi, penchés sérieusement sur la question. Plusieurs villes bataves, Utrecht en tête, sont en effet en train d’expérimenter le procédé. Avec 300 citoyens au chômage et bénéficiaires des minima sociaux qui reçoivent entre 900 euros mensuels (pour un adulte seul) et 1 300 euros (pour une famille). Le but est de vérifier si le dispositif encourage l’assistanat ou non. Mais les premiers à s’être lancés dans cette aventure sont les habitants de l’Alaska. Le 49e État américain a mis en place un système de ce type depuis 1982. Grâce à un fonds souverain baptisé « Alaska Permanent Fund » , dont le capital repose sur les revenus miniers et pétroliers de l’État, un dividende universel est versé le 30 juin de chaque année à tous les habitants. Le montant avoisine aujourd’hui les quelque 1 700 euros, soit 140 euros mensuels. « C’est sûr que là-bas, où les ressources tombent du ciel, le projet n’est pas si utopique, atteste Guillaume Allègre, de l’OFCE. Cela montre qu’il peut y avoir une philosophie plus libérale derrière le revenu de base.» Dans un tout autre contexte évidemment peu comparable, «l’utopie» a déjà pris forme en Afrique. Notamment en Namibie ,oùune expérimentation menée il y a sept ans avait démontré des améliorations concrètes sur le plan de chômage, mais aussi de la scolarisation, de la sécurité alimentaire et de la création de micro-entreprises. En Inde aussi, des projets de ce type sont également en cours depuis 2011 dans plusieurs villages. Où de sérieux progrès ont été constatés en matière de nutrition, de santé, d’éducation et d’activité économique. Mais le projet est-il réellement viable dans notre bonne vieille Europe ? C’est une autre question, sur laquelle s’est récemment penchée la Suisse . Et où les citoyens ont créé un comité d’initiative populaire fédérale pour un revenu de base inconditionnel, qui a abouti à un grand référendum sur la question au mois de juin dernier. « Même s’ils n’étaient que 23 % à se montrer favorable à l’instauration d’un revenu de base, c’est déjà pas mal, commente Nicole Teke, dans la mesure, explique-telle, où il y a deux ans encore, personne n’en avait entendu parler là-bas. » Une première expérimentation est sur le point d’être lancée en France. Le conseil régional d’Aquitaine a effectivement voté le financement d’une étude de faisabilité pour tester le projet sur son territoire. « On saura d’ici au mois de juin 2017 quel sera le cadre final de cette étude », précise la coordinatrice du MFRB. « Et ce projet pilote pourrait donner des idées à d’autres régions », ajoute-t-elle, pleine d’optimisme.