Hélène Geoffroy, un regard positif sur les quartiers populaires
Bien décidée à mettre un terme à la stigmatisation dont sont victimes les quartiers populaires, la « petite nouvelle » du dernier remaniement ministériel met en avant les réussites des cités
Entrée au gouvernement Valls 2 en tant que Secrétaire d’État chargée de la Ville, Hélène Geoffroy sera ce matin à La Garde(Var) pour le lancement national de la « rentrée citoyenne ». Entretien.
En quoi consiste cette « rentrée citoyenne »?
C’est l’occasion de rassembler les habitants de nos quartiers populaires, les acteurs qui y travaillent, au travers de rencontres territoriales et nationales. Ça concerne près de adultes-relais, ainsi que les membres des conseils citoyens présents partout dans les quartiers de la politique de la ville. Ces rencontres se dérouleront jusqu’au octobre. Ces premiers rendez-vous permettront de montrer, d’entendre, d’écouter ceux qui sont réellement inscrits dans les quartiers les plus populaires de notre pays. Dans un second temps, nous aurons trois rendezvous nationaux. J’espère que l’ensemble de ces rencontres permettront de démontrer l’intelligence, la réussite et l’engagement des quartiers.
L’emploi, l’éducation, le cadre de vie sont des thèmes abordés par la « rentrée citoyenne » et pour lesquels les quartiers populaires accumulent les difficultés?
Transformer une ville est un processus long. J’en parle avec mon expérience d’élue locale. Grâce aux programmes de renouvellement urbain, nos quartiers ont pourtant changé de physionomie ou sont en train de se transformer. La mixité s’est reconstruite. Si on regarde un instantané, on constate bien évidemment des difficultés, mais ces dernières ne doivent pas occulter les gens qui ont parfaitement réussi. Malgré les problématiques qui demeurent, je considère que nombre de talents ont déjà émergé et sont présents partout dans la société française. Nous avons produit cela. Mais je le répète, transformer une ville est un processus long qui doit aussi intégrer une réflexion sur l’école, le lieu où se fait la mixité, où se construit la promesse républicaine. Sans oublier l’accès à l’emploi. À ce sujet, il y a aujourd’hui encore trop de difficultés, y compris pour les jeunes diplômés. C’est pour ça que partout en France, on est en train de convoquer tous les diplômés bac + des quartiers populaires pour les mettre en réseau avec les entreprises. On se rend compte que lorsque le monde économique s’engage, qu’on fait du parrainage, les jeunes diplômés trouvent du travail.
L’initiative « rentrée citoyenne » n’intervient-elle pas un peu trop tard dans le quinquennat?
La « rentrée citoyenne » ne pouvait pas avoir lieu avant puisque les conseils citoyens ont été installés l’an dernier. C’est d’ailleurs à leur demande que nous organisons ces rencontres. Mais dans le contexte difficile que nous connaissons actuellement, un tel temps de rencontre était nécessaire. Tout au long de l’année qui vient de s’écouler, les quartiers populaires ont été stigmatisés. Encore plus en cette période préélectorale par la droite et l’extrême droite. Moi j’ai envie de dire: écoutons ceux qui y vivent et qui y travaillent. Commençons par cela plutôt que d’être uniquement dans des raccourcis très réducteurs, voire mensongers. Encore une fois, ça ne veut pas dire que je nie les difficultés. Mais il est important de redonner de la sérénité aux débats.
Vous évoquiez le rôle de l’école. Un mot sur le rapport de l’OCDE très critique sur l’efficacité des zones d’éducation prioritaire?
Il existe des difficultés dans l’éducation prioritaire, c’est un fait. Mais les choses sont en train de bouger. Les réponses qu’on apporte sont très concrètes: des enseignants (notamment grâce aux dispositifs « plus de maîtres que de classes »), des locaux adaptés, connectés, modernes, et une scolarisation précoce dès deux ans. Là où je rejoins le rapport, c’est qu’il faut également travailler sur la mixité si l’on veut réduire les inégalités. Les pôles d’établissements lancés par Najat Vallaud-Belkacem vont dans ce sens. En revanche, et comme tout ce qui concerne la politique de la ville, le processus prendra du temps. Dans un an, nous n’aurons pas vu les fruits complets de ce que j’annonce.