Hillary: Trump:
Aucun doute: Hillary Clinton, malgré la pneumonie qui l’a tenue quelques jours éloignée des tréteaux, a remporté le premier débat contre Donald Trump. A quelques heures la confrontation, le suspense était total: le candidat républicain a animé ou participé plusieurs fois à des shows de télé-réalité, il n’ignore rien des astuces à employer pour se rendre populaire, et, généralement, il se contente de balayer, d’un geste, les arguments de ses contradicteurs. La candidate démocrate était en revanche, dans une position plus fragile: les dernières images la montraient à Ground , à l’endroit des anciennes tours de Manhattan, obligée de quitter la cérémonie à laquelle elle participait au coté de Barack Obama, puis s’effondrant au moment d’être littéralement hissée par ses gardes du corps à l’intérieur du véhicule. Pire: contrainte de révéler qu’elle souffrait d’une pneumonie, elle était apparue comme ayant caché la vérité sur une maladie qu’elle aurait du rendre publique bien avant. Or comme l’on sait, aux Etats-Unis, le mensonge, même véniel, ne pardonne pas. Quant au reproche qui lui est souvent fait de se montrer volontiers arrogante, il représentait pour elle un vrai danger: qu’elle réponde avec trop de désinvolture aux accusations de son adversaire, et elle risquait de l’accabler de son dédain. Qu’elle affadisse ses propos, et elle manquait d’une pugnacité élémentaire. Il n’a pourtant pas fallu longtemps à Hillary Clinton pour distancer son adversaire. Et d’abord, lorsqu’elle est arrivée vêtue d’un tailleur rouge « flashy », large sourire aux lèvres, affirmant une combativité intacte et une santé insolente. De quoi rassurer les électeurs américains qui craignaient, face aux affirmations des équipes de Donald Trump, que l’ancienne secrétaire d’Etat ne soit au bord de la tombe. Trump a pris place sur le plateau sûr de lui et dominateur, comme s’il s’agissait d’une partie de cartes qu’il pensait gagner sans difficulté. Quelques minutes seulement après le début de la confrontation, il avait perdu. Il n’est en effet jamais parvenu à démontrer sa légitimité, sa stature, pour occuper le Bureau parfois Ovale: grossier amuseuret incontrôlable, il l’est resté de bout en bout du débat, sans chercher, comme disait le Général de Gaulle, à « monter
plus haut ». D’autant que la candidate républicaine, qui connaît manifestement par coeur les dossiers de politique intérieure et extérieure, l’a questionnée avec humour, sans hauteur, et l’a contraint notamment, à parler des impôts que ne paie pas le candidat républicain, ou, du moins, pas à la hauteur de la fortune insolente qu’il affiche. Certes un débat ne fait pas forcément perdre ou vaincre celui ou celle, qui l’a remporté aux points. Il y aura deux autres rencontres télévisées qui peut-être feront la différence dans l’autre sens. Pour autant, Hillary Clinton a emporté la première manche, et Donald Trump est resté ce qu’il est: un homme qui a beaucoup d’argent et pense tout pouvoir acheter, y compris la charge présidentielle.
« Trump... un homme qui a beaucoup d’argent et pense tout pouvoir acheter, y compris la charge présidentielle. »