Où va aller le Cercle des travailleurs?
Le lieu associatif de la rue Lagane a cessé son activité à cause de difficultés financières. Son président Jean-Luc Bruno envisage toutefois une reprise d’activité ailleurs dans le centre-ville
Forcément, on a d’abord cru à un énième dommage collatéral de l’appauvrissement du centre-ville. Quand le Cercle des travailleurs, son bar associatif et sa salle de réunion à l’étage, a fermé ses portes le 1er septembre dernier, rue Amable-Lagane, on s’est d’abord dit que c’était une enseigne de plus, et peut-être même une de trop, à plier bagages par la faute de visiteurs de moins en moins nombreux. De moins en moins «consommateurs» finalement. Sauf que le diagnostic serait (à moitié) erroné, d’après Jean-Luc Bruno, président de l’association éponyme. « Économiquement, ça devenait dur pour nous. Ramené à nos recettes, le loyer dont nous nous acquittions était bien trop important. En plus, l’immeuble vient de changer de propriétaire. Mais nous comptons bien rouvrir dans le centre-ville d’ici quelques mois : nous croyons plus que jamais à la pertinence du Cercle et de son action citoyenne dans le quartier ».
« Nous ne sommes attachés à aucun parti!»
Car si le lieu a effectivement dû faire face à des difficultés de trésorerie, son public habituel, lui, ne l’a jamais vraiment boudé. Une dizaine d’associations avait ainsi ses habitudes à deux pas du port, six jours sur sept, qu’il s’agisse des adeptes du tricot, des apprentis clowns, des professeurs des maristes ou du Seynois lambda. Le Cercle ne s’est jamais privé non plus de mettre de l’animation dans le secteur, avec le concours des commerçants, que cela soit en organisant les apérosconcerts du vendredi, les repas du jeudi midi, les cours de tango du mardi soir ou autres karaokés endiablés le samedi. En revanche, la politique, et a fortiori celle de gauche (voir par ailleurs), ne faisait plus vraiment partie de son créneau d’activités… contrairement aux idées reçues. «Certains sont persuadés que nous touchions des subventions de la ville, parce que je suis moi-même conseiller municipal dans la majorité, explique Jean-Luc Bruno (1). Mais c’est faux. Nous fonctionnions avec les cotisations de nos membres et nous n’avons jamais touché un centime d’aide. Pas plus que la salle n’était réservée au PS, comme cela a pu être le cas à une époque. Nous ne sommes attachés à aucun parti. Nous accueillions tout le monde ». Avec des moyens limités toutefois, puisque l’établissement tournait uniquement grâce au dévouement sans faille de ses bénévoles. Et ce ne serait donc pas prêt de s’arrêter. Jean-Luc Bruno et la centaine d’adhérents du Cercle n’ont guère envie d’enterrer là une aventure séculaire. «Créée en 1878, c’est la deuxième plus vieille association de la Ville (derrière la Philharmonique, NDLR). Elle fait partie de l’histoire de La Seyne. Reste à trouver maintenant les conditions acceptables d’une réouverture ».
« Je suis optimiste pour une réouverture…»
Entendre par là que le président souhaite, ce moisci, réunir ses adhérents pour discuter de l’avenir. « Je veux m’assurer de la capacité de nos forces bénévoles à s’engager dans un nouveau projet. Un projet culturel et citoyen dont les contours devront être clairement tracés. Si nous nous accordons sur la forme, que nous réussissons à fédérer d’autres associations aussi, il suffira de relancer la machine. Mais je suis très optimiste pour une réouverture fin 2016, début 201. ». Que les enseignes alentour se rassurent cependant, «le Cercle n’aura toujours aucune visée commerciale » martèle Jean-Luc Bruno. « Nous tentions déjà d’ouvrir à des heures où nous ne faisions pas concurrence. Quant à notre licence IV associative, elle reste bel et bien incessible ». Ne manquent plus que de nouveaux locaux, toujours dans le centre-ville. Ainsi que de précieux subsides. Mais, pour l’un et l’autre des deux points, les investigations seraient déjà bien avancées. « Dans le cadre de la rénovation urbaine, nous espérons obtenir des aides de l’État et peut-être d‘autres partenaires. L’idéal serait également qu’un emploi civique puisse y venir travailler à plein-temps.» «Travailler», «avenir», « plein temps » : des mots qui sonnent définitivement bien avec la longue histoire du Cercle. 1. Jean-Luc Bruno est élu en tant qu’adjoint au maire aux quartiers centre et est.