Les cités, des «territoires de solidarité et de créativité»
Venue hier dans le Var, à Toulon, lancer la «rentrée citoyenne», la secrétaire d’État à la Ville Hélène Geoffroy espère que cette initiative contribuera à redorer l’image des quartiers populaires
Si le paysage s’en trouve indiscutablement amélioré, réduire la hauteur des tours ou la longueur des barres ne suffit pas à régler les problèmes des quartiers populaires. Nommée secrétaire d’État chargée de la Ville en février dernier, Hélène Geoffroy en est convaincue. « Si l’on veut une politique de la ville efficace, travailler sur l’humain est tout aussi important », affirme-t-elle.
Combattre les idées reçues
En visite hier dans le Var sur le campus de La Grande Tourrache à Toulon, pour le lancement très officiel de la «rentrée citoyenne» (lire nos éditions du 29 septembre), c’est un peu le discours qu’a tenu la secrétaire d’État devant une quarantaine d’adultes-relais. Ancienne députée-maire de Vaulx-en-Velin (Rhône), Hélène Geoffroy veut tordre le coup aux innombrables idées reçues dont souffrent les quartiers populaires. «On a souvent une image dévoyée des quartiers populaires, or ce sont des territoires de solidarité, d’engagement et de créativité», martèle-t-elle, calmement, mais fermement. Quand certains s’obstinent à appuyer là où ça fait mal, la secrétaire d’État choisit de mettre en avant les réussites. Son ambition: faire des quartiers des modèles, des locomotives, quand trop souvent on les condamne à rester en queue de convoi. «On entend que, dans les quartiers populaires, les femmes sont sorties de la sphère publique, que les habitants se désintéressent du débat public, que la résignation est omniprésente. C’est vrai que l’abstention y est très forte, mais il faut y voir surtout une remise en question de l’utilité du vote, plus qu’un désintérêt pour les grands sujets de la société française», assure Hélène Geoffroy. Et d’enfoncer le clou en soulignant « l’investissement impressionnant des membres des conseillers citoyens, tous des bénévoles ». À ceux qui reprocheraient à la secrétaire d’État à la Ville une vision trop angélique, l’intéressée rétorque : «Je ne nie pas les difficultés des quartiers populaires ». Et elle invite d’ailleurs les participants à cette «rentrée citoyenne» à raconter la réalité qu’ils vivent dans les quartiers populaires.
Nécessaire reconnaissance
Répartis en quatre ateliers distincts, ces derniers ne se sont pas fait prier. Reconnaissant à demimot outrepasser ses fonctions, un adulte-relais de Brignoles, inscrit à l’atelier « Investir davantage les quartiers en soirée et le week-end», raconte comment, régulièrement, il va voir les jeunes dealers pour leur demander de ne pas rester devant les entrées d’immeubles, « par respect pour les autres résidents », glisse-t-il. À une autre table, une femme, adulte-relais dans l’aire toulonnaise cette fois, ne cache pas sa « colère». Une colère froide «face à l’injustice, notamment dans l’attribution des logements sociaux», explique-t-elle, avant d’alerter sur « le risque de perte de confiance ». Hélène Geoffroy en est bien consciente. Évoquant la loi égalité et citoyenneté en débat actuellement, elle insiste également sur la nécessité d’oeuvrer à une meilleure reconnaissance des métiers de la médiation sociale. « Cette reconnaissance, indispensable, redonnera confiance aux gens ».