Colère blanche des policiers varois
Près d’une centaine de fonctionnaires de police sont sortis. En civil, puis finalement aussi en uniforme, ils se sont rassemblés devant le commissariat central de Toulon, pour soutenir leurs collègues grièvement blessés dans l’Essonne. L’attaque au cocktail Molotov et la détermination des agresseurs à voir des policiers enfermés dans une voiture en feu, les laissent sous le choc et en colère. «On a connu le meurtre de policiers à domicile. Là, la tentative de les voir brûler dans un véhicule. On a l’impression que rien ne les arrête», dénonce Sonia Hmimou, du syndicat Unité Police qui appelait au rassemblement. Son responsable varois, Julien Ventre, s’interroge sur la mission même des policiers, «quand eux-mêmes ne sont pas en mesure d’assurer leur propre protection». Matériel inadapté, véhicules hors d’âge, effectifs insuffisants. «Je pense qu’on n’a jamais été aussi bas et aussi maltraités». Les policiers de terrain, ce sont par exemple ceux des brigades anticriminalité, les premiers à intervenir. «Il arrive qu’on soit deux en patrouille. On n’est pas d’accord avec ça. On nous l’impose», confie l’un d’eux.
« Dernier bastion »
Le matériel individuel qui devait arriver depuis la Coupe du monde n’est toujours pas là au début du mois d’octobre. «On fait croire que tout le monde est équipé, mais c’est faux. Il en manque.» Une minute de silence est marquée, en soutien aux collègues blessés. Puis on entend La Marseillaise. Dans la petite foule, deux femmes qui n’ont rien à voir avec l’uniforme. «Nous sommes des citoyennes inquiètes», annoncentelles. La police? «C’est l’un des derniers bastions pour nous défendre. On ne leur dit jamais merci. Le ministre de l’Intérieur a parlé de “sauvageons” au sujet des agresseurs, c’est scandaleux ! s’exclament-elles. Et ceux du Bataclan, ils étaient quoi? Des petits coquins?» Un policier ne pense pas autre chose. «Ça se dégrade car il n’y a pas de soutien de tous ces politicards. Ils viennent quand il se passe quelque chose, mais en pratique, il n’y a rien.» De son côté, le syndicat Alliance appelle les policiers à «un service minimum», pour exercer une pression concrète, car «la solidarité par le rassemblement ne suffit pas». Une action dans la durée, avec discernement: «On invite les collègues à ne plus relever les infractions mineures, pour lesquelles il n’y a pas d’impact sur la protection des personnes ou des biens.»