Le Var, un tiers des créations d’emplois de la région Interview
Jean-Charles Blanc, directeur territorial de Pôle emploi dans le Var, analyse la situation du département, où le taux de chômage sur un an est en augmentation
Àla veille de l’opération « 48 heures pour l’emploi » (lire ci-dessous), JeanCharles Blanc, directeur territorial de Pôle emploi (PE) dans le Var fait le point sur la situation du département, où le chômage a progressé de 3,3 % sur un an au 31 août 2016.
Comment analysez-vous les mauvais chiffres du Var ?
La situation du marché du travail s’est dégradée par rapport à l’an dernier : Malgré un taux de sortie de , % (les gens qui ne sont plus inscrits à PE) qui progresse chaque année, les entrées sur le marché du travail ont augmenté de , %. Le solde est de , %. Quatre-vingt-dix pour cent des inscriptions nouvelles sont des reprises d’activité, soit des personnes qui n’étaient pas en recherche d’emploi et qui voient que l’économie offre des possibilités, soit des jeunes pour une première entrée sur le marché du travail. Une des difficultés majeures pour trouver un emploi, c’est la formation. Pour bénéficier des formations, il faut s’inscrire à PE.
Les demandeurs sortis de PE ont-ils retrouvé du travail ?
On ne sait pas, rares sont ceux qui nous le disent. Mais on est plutôt sur des classes d’âge intermédiaires, pas les jeunes ni les seniors. Ces sorties ne sont pas des phénomènes de découragement. Nous sommes le département le plus saisonnier dans la région, donc cette dynamique de sortie est logique à cette période de l’année.
Dans quels secteurs voit-on une amélioration ?
Les services. On a aussi un frémissement sur le bâtiment avec un certain nombre de mises en chantier qui ont permis une stabilisation voire une légère augmentation des effectifs.
Celui de l’hôtellerie-restauration n’est-il pas concerné ?
Ce secteur a connu des difficultés, des touristes étrangers n’étant pas venus par rapport aux problèmes de sécurité, et il est très concurrencé par d’autres destinations.
Y a-t-il des motifs de satisfaction?
En terme de créations d’emplois, le Var a un solde positif et représente un tiers des créations d’emplois de la région. Cela pour trois raisons: l’hôtellerie-restauration est active malgré tout. La deuxième c’est le bâtiment. La troisième, c’est l’économie présentielle. Le Var continue à se peupler. L’arrondissement de Draguignan est le secteur géographique où cela se voit le plus, avec un solde démographique positif. Cela génère une économie de présence : commerce, banque, santé, loisirs... C’est un des moteurs du Var.
Comment lutter contre le chômage des jeunes?
On a deux façons de s’y attaquer. Les emplois saisonniers dans le tourisme, le commerce et l’hôtellerie-restauration. Les dispositifs comme les contrats aidés et emplois d’avenir.
Qu’en est-il du chômage des seniors?
C’est vraiment le noyau dur du chômage dans le département. % des personnes en chômage de longue durée (plus d’un an) ont plus de ans et le chômage de très longue durée (plus de deux ans) affecte principalement les plus de ans.
Comment les aider?
On y arrive avec l’auto-entreprenariat, le CDD, la création d’entreprise. On a peu de leviers vis-à-vis des entreprises. Il n’y a qu’à regarder les embauches en CDI par tranche d’âge: % pour les moins de ans, % pour les - ans, % pour les - ans et seulement % pour les plus de ans. Pôle emploi essaye de travailler avec les entreprises mais aussi avec ces demandeurs d’emploi. Plus leur période de chômage s’allonge, plus leur retour sur le marché du travail est compliqué. Nous faisons un travail en amont sur l’image, la confiance en soi. Nous investissons dans leur préparation à l’entretien pour qu’ils valorisent leur CV et leur candidature pour lutter contre une forme de discrimination sur l’âge.
Quelles sont les solutions pour les autres catégories ?
La première est d’adapter la qualification des demandeurs d’emploi aux besoins des entreprises, qui demandent des candidatures qualifiées, expérimentées, spécialisées, expertes. On mène un travail de conviction pour réorienter les demandeurs ou adapter leurs compétences. PE utilise ses ressources financières supplémentaires, données depuis le début de l’année, et collabore avec le conseil régional responsable de la formation professionnelle pour que nos dispositifs de formation soient en adéquation. On ne peut plus payer des organismes de formation qui ne placent pas % minimum des gens en sortie de formation, y compris sur des CDD de plus d’un mois. Outre le levier de la formation, l’ensemble des mesures gouvernementales pour les publics en difficulté, on a l’offre de services de PE, les ateliers, les clubs seniors dans nos antennes. Il faut aussi que les demandeurs adhèrent à la révolution numérique. Les candidatures sur les réseaux sociaux, l’entretien par webcam se développent. On investit sur l’e-forum et l’e-candidature.
Quels sont les métiers d’avenir dans le Var ?
Ceux des secteurs suivants : l’hôtellerierestauration, le tourisme, le transport et la logistique, les services à la personne, la viticulture en cette saison. On a aussi quelques niches et un dispositif d’actions de formation individuelle pour y répondre.
Les travailleurs détachés sont-ils un problème?
C’est devenu une distorsion de concurrence. Cela fait beaucoup de mal au secteur du BTP et dans les campings.
Bruno Le Maire veut privatiser Pôle emploi. Qu’en pensez-vous?
On est déjà un établissement public financé un tiers par l’État, deux tiers par les entreprises et les salariés. Pour le reste, je n’ai pas à m’exprimer. (1)Selonleschiffresduchômagearrêtésàfinaoût 2016,lenombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi, ayant ou non exercé une activité dans le mois (catégories A, B et C) s’établit à 93 320. Ce nombre est en augmentation de 1,5 % sur un mois, de 2.6 % sur trois mois et de 3,3 % sur un an.