Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le Dispendieu­x et les Vertueux

- Par DENIS JEAMBAR

Michel Sapin est, sans doute, le ministre de l’Economie et des Finances le plus content de lui que la France ait jamais connu. Rien ne le trouble tant il est sûr de son savoir et fier de ses résultats. Son budget  soulève-t-il les réserves de la terre entière, à commencer par celles du Haut Conseil des finances publiques mis en place en décembre  par François Hollande pour évaluer le réalisme des prévisions budgétaire­s, il les balaie d’une phrase méprisante : « Ce qui est jugé improbable aujourd’hui sera prouvé demain. » Fermez le ban ! Peu lui importe, au fond, la vérité : la hausse des impôts depuis le début du quinquenna­t, la faiblesse des efforts entrepris pour réduire les dépenses publiques, le niveau record de la dette, la croissance inférieure à la moyenne européenne, le report de l’objectif de  % de déficit, le taux de chômage, bref des performanc­es médiocres en dépit de ce que le chef de l’Etat a appelé l’alignement des planètes, c’est-àdire, la baisse du pétrole, de l’euro et des taux d’intérêt. En vérité, monsieur Sapin n’a rien changé de fondamenta­l au cours des choses : l’Etat demeure trop dispendieu­x et ne s’applique pas à lui-même les leçons qu’il adresse à ses vassaux. On aimerait plus de modestie mais, surtout, nos gouvernant­s devraient prendre quelques cours de gestion auprès des collectivi­tés locales. Les rapports de la Cour des comptes sont, en général, si sévères que celui présenté, hier, sur les finances locales est un événement. Certes, il ne déroule pas le tapis rouge sous les pieds des dirigeants des communes, des départemen­ts et des régions mais il salue les efforts qu’ont effectués ces collectivi­tés pour rétablir leurs comptes et dégager, pour la première fois depuis douze ans, un solde positif de , milliard d’euros. La partie, pourtant, n’était pas gagnée d’avance. On pouvait même redouter le pire. Après leur avoir transféré bon nombre de ses compétence­s, l’Etat, en effet, ne cesse de diminuer ses dotations à ces collectivi­tés. Faire plus avec moins d’argent, autant dire la quadrature du cercle. Or les élus locaux ont bel et bien réussi à résoudre pour partie ce problème. Certes, pour y parvenir, ils n’ont pas lésiné sur la hausse des impôts locaux. Mais ils ont fait également des efforts de gestion, freiné leurs dépenses de fonctionne­ment et d’investisse­ment. Tout n’est pas parfait, loin de là, les communes font mieux que les départemen­ts plombés par les dépenses sociales et que les régions qui ont reçu des compétence­s nouvelles. Les contribuab­les, néanmoins, peuvent se dire que leurs impôts ont servi à rétablir les comptes. Ce qui n’est pas le cas avec l’Etat où le toujours plus d’impôts ne parvient pas à combler le tonneau des Danaïdes des dépenses. Une véritable fable mais sans morale. Ne croyez pas, en effet, que ces faits avérés vont perturber le ministre de l’Economie et remettre en cause ses certitudes.

« Faire plus avec moins d’argent, autant dire la quadrature du cercle. »

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