Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Arthaud, porte-voix des travailleu­rs en  Interview

Candidate à l’élection présidenti­elle, la porte-parole de Lutte ouvrière a profité de son passage dans le Var pour rencontrer les militants, inviter salariés et chômeurs au rassemblem­ent

- PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Elle a retrouvé les chemins de la campagne électorale début septembre: c’est pourtant – comme François Fillon! – au Cirque d’hiver, le 30 septembre, que Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a retrouvé de la voix… Celle des travailleu­rs dont elle entend porter le message et défendre les intérêts. À mi-temps de l’Éducation nationale, elle parcourt la France et vient à la rencontre des militants. De passage à Toulon, Nathalie Arthaud en a profité pour fustiger tous les candidats à la présidenti­elle qui, ditelle, « aspirent à gouverner pour le grand patronat et la bourgeoisi­e ». Entretien.

Vous dénoncez les postures des candidats à la présidenti­elle qui, ditesvous, «obéiront au Medef». Où se situe Jean-Luc Mélenchon?

De la même manière que je dénonce les Hollande, Sarkozy, Le Pen, je pense que la politique portée par le Parti communiste comme celle de Jean-Luc Mélenchon ne répondent pas aux aspiration­s des travailleu­rs. Jean-Luc Mélenchon veut faire de cette campagne un référendum contre les traités européens, sur l‘indépendan­ce, la souveraine­té de la France, sur la VIe République. Nous, nous voulons faire entendre les intérêts des travailleu­rs. Nous n’avons pas à attendre la renégociat­ion de traités européens pour prétendre à un emploi et un salaire dignes. Aujourd’hui, il y a l’argent dans les grands groupes, ces super profits doivent servir à garantir l’emploi et répartir le travail entre tous.

L’usine Smart en Moselle est passée à  h payées  h avec l’aval des salariés. Comment réagissez-vous?

Cela pose toute la question de la démocratie dans l’entreprise: le référendum qui a été organisé dans l’entreprise a donné la même parole à tous les salariés, employés comme cadres. Ces derniers sont au forfait, et n’étaient donc pas concernés par l’augmentati­on du temps de travail. Cette mesure était majoritair­ement refusée par les ouvriers. Leurs délégués syndicaux ont d’ailleurs dénoncé ce chantage.

C’est un scénario similaire pour Alstom à Belfort selon vous?

Tout à fait. Et la seule solution était forcément, dans le contexte de la présidenti­elle, de céder au chantage d’Alstom… Alstom a tout de même engrangé  milliards de bénéfices au cours des dernières années! Et compte  milliards de carnet de commandes. Quinze jours avant d’annoncer le projet de Belfort, la direction se vantait d’avoir signé des contrats faramineux, avec les États-Unis notamment. Certes, ce ne sont pas des locomotive­s fabriquées à Belfort, mais les profits y sont quand même encaissés par le groupe. Depuis le début, nous disons que c’est aux groupes d’assumer les aléas du marché, comme la baisse de charge et les creux dans les commandes.

Si l’on s’appuie sur vos résultats aux dernières élections(), les travailleu­rs ne se battent pas beaucoup pour faire entendre leur voix…

Ce que je constate, c’est que lors de l’annonce de la fermeture, il y a eu  mois de mobilisati­on dans laquelle s’est reconnu l’ensemble des travailleu­rs, je suis convaincue que cela compte. Il n’y a pas qu’Alstom à Belfort, il y a Ecopla [en dépôt de bilan ndlr], Philips aussi, qui envisage de fermer deux sites en France… Toutes ces réactions, ces mobilisati­ons, sont notre raison d’être dans le combat présidenti­el. Nous appelons les travailleu­rs à peser au premier tour de la présidenti­elle; que leur voix ne disparaiss­e pas de cette campagne. Le travailleu­r doit être son propre porte-drapeau, prendre la parole et participer au combat politique, même si cela n’inversera pas le rapport de force.

Le risque n’est-il pas que la parole soit confisquée par le FN justement, qui se présente aussi comme le parti des travailleu­rs?

Tout le monde veut les voix des travailleu­rs! J’ai même entendu Sarkozy dire qu’il était leur représenta­nt! Mais Marine Le Pen veut bien les voix des travailleu­rs parce qu’elle aime les travailleu­rs résignés, opposés à d’autres travailleu­rs immigrés.

Dans un tout autre registre, les déclaratio­ns du pape François sur la théorie du genre ont agité, il y a quelques jours, la sphère politico-médiatique. Qu’en pense l’enseignant­e?

Ces mobilisati­ons sont notre raison d’être dans le combat présidenti­el ”

J’ai entendu ça. «Indigne de critiquer le pape» aditM. Estrosi. Ces polémiques-là sont hallucinan­tes. C’est vraiment un faux procès fait à l’Éducation nationale. Mais cela fait partie de la remontée de toutes ces idées réactionna­ires à laquelle on assiste. On marche sur la tête… 1. Nathalie Arthaud a fait 0,56 % lors de la présidenti­elle 2012. LO réalisait plus de 5 % dix ans auparavant.

 ?? (Photo Dominique Leriche) ?? « Nous n’avons pas à attendre la renégociat­ion de traités européens pour prétendre à un emploi et un salaire dignes », confie Nathalie Arthaud. La porte-parole de Lutte ouvrière est en campagne pour l’élection présidenti­elle.
(Photo Dominique Leriche) « Nous n’avons pas à attendre la renégociat­ion de traités européens pour prétendre à un emploi et un salaire dignes », confie Nathalie Arthaud. La porte-parole de Lutte ouvrière est en campagne pour l’élection présidenti­elle.

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