Marc-Etienne Lansade : « Mon bureau était visé »
La nuit de lundi à mardi a été courte. Ou trop longue. Sans sommeil. « Je n’ai pas dormi de la nuit, cela est un peu spécial de l’apprendre par la presse », confie le maire FN Marc-Etienne Lansade. Rencontré sur le parvis de l’hôtel de ville de Cogolin, le premier magistrat ne surjoue pas, ni dans un sens ni dans l’autre. « Je savais que mon nom avait été cité dans l’enquête, mais pas que j’étais une cible. C’est un peu délicat, je ne veux pas trahir le secret de l’instruction. La terroriste a changé de projet. S’il en avait été autrement, je ne serais plus là ». Un plan se dessine : «Visiblement mon bureau était visé. C’était moi qu’il fallait éliminer ». Voulait-elle toucher l’Etat français comme cela est rapporté ? Non. L’élu n’a pas de doutes que c’est « son appartenance politique » qui était en jeu.
Repérages sur place le lundi septembre
En tout cas, l’apprentie terroriste avait reconnu les lieux, confirme le directeur de cabinet : « Elle avait effectué des repérages poussés. En mairie même. Le lundi 5 ». Soit deux jours avant de rejoindre Paris depuis la gare de Saint-Raphaël. « Elle avait trouvé un prétexte pour monter dans les étages, celui d’être à la recherche d’un logement social. Alors que ce service n’est pas dans le bâtiment de l’hôtel de ville ». Depuis l’arrestation de Sarah, les choses ont changé à l’entrée du bâtiment municipal. Il faut sonner pour que l’accueil déclenche l’ouverture de la porte. Un temps d’observation et de réaction qui oblige le quidam à patienter. Et « plus personne ne monte dans les étages maintenant ». Pourtant, le maire n’envisage pas de bousculer ses habitudes. Ce matin, il visitait la cantine d’une école. « Je ne vais pas prendre de garde-du-corps. Je n’en ai pas les moyens. Je ne vais pas non plus demander une protection. Si les services de l’Etat ont envie de m’en accorder une, qu’ils le fassent ». Sa demande -- refusée -- auprès du Ministère de l’Intérieur de dévoiler aux maires le nom des Fichés S, résonne pour lui, comme un échec. « J’avais demandé les fichés S de ma commune. On m’a répondu qu’il n’y avait pas de problème. La preuve que non...» L’élu ne tient pas spécialement à tenir des propos anxiogènes : « Les habitants peuvent dormir tranquilles, c’est moi qu’on a visé », dit-il, voulant endosser le rôle de paratonnerre vis-à-vis de ses citoyens cogolinois. Sauf que la radicalisée aurait pu être incitée également, toujours par son contact en Syrie, à attaquer un lieu public « pour créer la panique », indique-t-elle aux enquêteurs. Avant de renoncer. « Peut-être que Sarah s’est rappelée que le maire avait été en contact avec sa mère quand elle avait été arrêtée en Turquie en 2015 », veut croire l’entourage de l’élu.