Daniel Belaïch, un rabbin entre essence divine et sens de l’âme
Le rabbin de la synagogue de Saint-Tropez préside aujourd’hui même aux festivités de la fête la plus importante du calendrier juif: Yom Kippour. Avec le rabbin Yossi Levy, il en explique les subtilités
Sa synagogue n’est pas la plus grande de la région. Elle est, en revanche, l’une des plus VIP au monde. Entre les murs du lieu de culte tropézien dont il assume la responsabilité depuis sa création, il y a douze ans, le rabbin Daniel Belaïch (accompagné de son assistant, le jeune rabbin Yossi Levy) mettait hier matin la dernière main à la préparation de Yom Kippour, ce mercredi. Depuis hier soir, et jusqu’à la tombée de la nuit, plus rien ne viendra perturber la quiétude de la synagogue, si ce n’est la litanie des prières. Comme tous les juifs du monde, la communauté du Golfe se recueille aujourd’hui, entre les murs feutrés de l’édifice, et vient y communier. « Kippour est un jour unique, au cours duquel Dieu efface les fautes commises dans l’année, le rabbin Belaïch. Chaque membre de la communauté ressent un appel puissant, qui pousse vers la synagogue argumente même ceux qui n’en sont pas familiers.» Au moment même où, à son domicile, son épouse et leurs enfants se préparent à ce grand événement de l’année juive, Daniel Belaïch s’active.
Message de paix
« Cette journée est l’occasion unique d’un dialogue entre l’essence divine et les sens de l’âme, appuie le rabbin. C’est un renouvellement profond auquel nous sommes conviés. Et nous aimons à répondre à l’invitation. Nous nous sentons proches de Dieu et c’est sans doute le message essentiel de Kippour. Mais il convient de noter également le message de paix, de pardon, mais aussi de construction. Lorsque l’on sait se servir du passé et le ramener au présent, il nous sert à construire un monde meilleur.» «Yom Kippour, c’est le jour le plus saint de l’année. Il est, d’une certaine manière, l’un des plus heureux. Nous y recevons ce qui est peutêtre le don le plus sublime de Dieu: son pardon, qui est l’expression de son amour éternel et inconditionnel pour le peuple juif. Bien que nous ayons transgressé sa volonté,
notre âme demeure divine et pure.» Que signifie cette notion de Grand Pardon, immortalisée par le cinéma (le film d’Alexandre Arcady avec Roger Hanin, en 1981)? «Le Grand Pardon revêt un sens tout particulier. Dieu nous pardonne de tout ce que nous avons fait. »
Rien d’angoissant
Depuis lundi soir, veille de Kippour, « nous nous sommes préparés à comparaître devant un tribunal céleste, qui jugera de nos actions de l’année écoulée, explique le rabbin tropézien. Nous sommes conscients que Dieu est un juge miséricordieux qui décrétera ensuite pour chacun de nous une année de bonne santé, de vie et de prospérité. » « Voilà pourquoi il n’y a rien d’angoissant, appuie le rabbin Yossi Levy. Cet événement annuel est au contraire joyeux, dans la mesure où l’on sait que Dieu va être à notre écoute et nous accorder de bonnes choses. » Et le jeûne, pendant 24 heures, que signifie-t-il ? «Le but du jeûne, c’est de s’élever. Un jour de jeûne est un jour de méditation, un moment propice pour se tourner vers Dieu.»
Maison du rassemblement
Aux yeux du rabbin de Saint-Tropez, le but de chaque être humain, «est de savoir amener un peu de lumière», chacun à sa manière. Il fait sienne la citation d’un grand sage du Talmud, l’un des textes fondamentaux du judaïsme : « Un petit peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité». «Sachons en effet aujourd’hui amener ou apporter la lumière divine avec des gestes de bonté et de sagesse envers nos voisins. C’est le sens profond de la fête de Kippour. C’est une philosophie hassidique teintée de mentalité tropézienne... ». C’est que la synagogue de SaintTropez n’est pas tout à fait une synagogue comme les autres ! «Notre communauté est très variée, composée de membres de tous âges, et très nombreuse en période estivale.» Pour de très nombreux estivants qui louent des propriétés sur la presqu’île, la synagogue de Saint-Tropez est un passage obligé, mais aussi ludique. «Présidée par le chanteur et auteur-compositeur Félix Gray, la synagogue abrite de grandes et belles soirées, en présence de gens du monde entier. Il s’agit d’une synagogue internationale, très accueillante.» D’ailleurs, que signifie le mot synagogue? «En hébreu, Beit Knesset signifie maison du rassemblement. C’est ça une synagogue, une maison du rassemblement.»
Le passé nous sert à construire un monde meilleur” Une philosophie hassidique teintée de mentalité tropézienne ”