Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’incroyable ascension de Thierry Murie

Inconnu dans le monde du rugby lors de son arrivée en 2009 à l’US seynoise, Thierry Murie est désormais vice-président de la FFR en charge du rugby amateur

- SÉBASTIEN BOTTASSO

Qui aurait cru lors de l’assemblée générale de l’Union sportive seynoise en 2008, que les frères Olivier et Patrick Philibert étaient en train de présenter le futur « patron » du rugby amateur français ? Personne, bien évidemment. D’autant que Thierry Murie était alors un inconnu dans le Landerneau du rugby. L’homme a certes touché la gonfle dans sa jeunesse à un modeste niveau. Il était aussi un partenaire historique de l’USS grâce à sa société des transports Murie qu’il a vendue en 2008. Mais jamais il n’avait été élu ou même membre d’une quelconque associatio­n sportive.

Gestion rigoureuse

Pourtant les deux frangins ont vu en lui l’avenir de l’USS. Un club qu’il a géré au côté de son ami Patrick Philibert dans une totale transparen­ce, avec une gestion rigoureuse qui a fait de lui un président respecté. Il a surtout permis à ce club centenaire d’être cité comme une référence dans le monde du rugby amateur. Ou plutôt semi-profession­nel. « Quand on a un budget de 1,2 million d’euros et des employés, on est obligé de gérer cela comme une PME, avec la particular­ité d’avoir des joueurs pluri-actifs » précise-t-il. Malgré un budget limité pour la division, l’USS participer­a à quatre reprises aux phases finales (sur six possibles), obtiendra les félicitati­ons de la DNACG (Direction nationale d’aide et de contrôle de gestion) et réussira même l’exploit de se faire rembourser de l’argent par l’Urssaf en 2 016 ! Dans une époque où de multiples clubs ont plongé financière­ment (Marseille, Saint-Etienne, Chalonsur-Saône, Montluçon, Saint-Nazaire…), la performanc­e n’est pas anodine. Mais ce Seynois pur souche, âgé de 55 ans, est aussi connu pour sa forte personnali­té. Capable de (gros) coups de gueule. De claquer la porte au nez de Georges Duzan, alors vice-président de la FFR, lors d’un congrès de la Fédération à Hyères. Ou de dénoncer les injustices, comme celles des « tricheries » des clubs de Fédérale 1 sur les contrats et défraiemen­ts kilométriq­ues, qui ont valu une double page du regretté Jérôme Fredon chez nos confrères du Midi Olympique en décembre 2014.

Au coeur du système tant décrié

C’est à ce moment-là que Murie a commencé à se faire un nom dans le rugby hexagonal. Siégeant entretemps à la commission du statut du joueur et de l’entraîneur de Fédérale 1, ses dénonciati­ons n’ont pas plu à certains de ses acolytes. Mais elles ont attiré l’attention. Et notamment celle de Bernard Laporte, alors manager du RCT, qui apprécie son courage et sa sincérité. Il deviendra alors la « bible du rugby amateur » du nouveau président de la FFR, qui va tout connaître des difficulté­s des clubs au cours des milliers de kilomètres qu’ils ont parcouru ensemble pendant la campagne. Un rapprochem­ent rendu possible grâce à Henri Mondino, qui a présenté les deux hommes. Le voici donc désormais au sommet de la hiérarchie du rugby amateur dont il a tant dénoncé les dysfonctio­nnements du système et des hommes. Il se sait attendu au tournant, tout en suscitant de nombreux espoirs. Le voici à l’orée du plus gros défi de sa courte, mais déjà (très) riche, carrière de dirigeant.

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(Photos S. B., D. L. et P. Bl.) Thierry Murie est désormais l’homme fort du rugby français amateur.

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