L’incroyable ascension de Thierry Murie
Inconnu dans le monde du rugby lors de son arrivée en 2009 à l’US seynoise, Thierry Murie est désormais vice-président de la FFR en charge du rugby amateur
Qui aurait cru lors de l’assemblée générale de l’Union sportive seynoise en 2008, que les frères Olivier et Patrick Philibert étaient en train de présenter le futur « patron » du rugby amateur français ? Personne, bien évidemment. D’autant que Thierry Murie était alors un inconnu dans le Landerneau du rugby. L’homme a certes touché la gonfle dans sa jeunesse à un modeste niveau. Il était aussi un partenaire historique de l’USS grâce à sa société des transports Murie qu’il a vendue en 2008. Mais jamais il n’avait été élu ou même membre d’une quelconque association sportive.
Gestion rigoureuse
Pourtant les deux frangins ont vu en lui l’avenir de l’USS. Un club qu’il a géré au côté de son ami Patrick Philibert dans une totale transparence, avec une gestion rigoureuse qui a fait de lui un président respecté. Il a surtout permis à ce club centenaire d’être cité comme une référence dans le monde du rugby amateur. Ou plutôt semi-professionnel. « Quand on a un budget de 1,2 million d’euros et des employés, on est obligé de gérer cela comme une PME, avec la particularité d’avoir des joueurs pluri-actifs » précise-t-il. Malgré un budget limité pour la division, l’USS participera à quatre reprises aux phases finales (sur six possibles), obtiendra les félicitations de la DNACG (Direction nationale d’aide et de contrôle de gestion) et réussira même l’exploit de se faire rembourser de l’argent par l’Urssaf en 2 016 ! Dans une époque où de multiples clubs ont plongé financièrement (Marseille, Saint-Etienne, Chalonsur-Saône, Montluçon, Saint-Nazaire…), la performance n’est pas anodine. Mais ce Seynois pur souche, âgé de 55 ans, est aussi connu pour sa forte personnalité. Capable de (gros) coups de gueule. De claquer la porte au nez de Georges Duzan, alors vice-président de la FFR, lors d’un congrès de la Fédération à Hyères. Ou de dénoncer les injustices, comme celles des « tricheries » des clubs de Fédérale 1 sur les contrats et défraiements kilométriques, qui ont valu une double page du regretté Jérôme Fredon chez nos confrères du Midi Olympique en décembre 2014.
Au coeur du système tant décrié
C’est à ce moment-là que Murie a commencé à se faire un nom dans le rugby hexagonal. Siégeant entretemps à la commission du statut du joueur et de l’entraîneur de Fédérale 1, ses dénonciations n’ont pas plu à certains de ses acolytes. Mais elles ont attiré l’attention. Et notamment celle de Bernard Laporte, alors manager du RCT, qui apprécie son courage et sa sincérité. Il deviendra alors la « bible du rugby amateur » du nouveau président de la FFR, qui va tout connaître des difficultés des clubs au cours des milliers de kilomètres qu’ils ont parcouru ensemble pendant la campagne. Un rapprochement rendu possible grâce à Henri Mondino, qui a présenté les deux hommes. Le voici donc désormais au sommet de la hiérarchie du rugby amateur dont il a tant dénoncé les dysfonctionnements du système et des hommes. Il se sait attendu au tournant, tout en suscitant de nombreux espoirs. Le voici à l’orée du plus gros défi de sa courte, mais déjà (très) riche, carrière de dirigeant.