Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Le prix des billets sera plus élevé»

Marc Fressoz, journalist­e, auteur du livre «FGV, Faillite à grande vitesse»

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SNCF Réseau parle de TAGV, est-ce que l’on se rapproche d’une LGV ?

C’est une sorte de LGV qui tient compte de deux choses : d’abord, il n’y a plus d’argent pour faire un projet pharaoniqu­e d’un seul tenant qui ne servirait qu’au TGV, d’où un saucissonn­age du projet. Ensuite, cela a du sens de faire de la place aux trains qui servent chaque jour aux gens, comme les TER mais aussi aux trains de type corail entre Marseille et Toulon. Il faut arrêter de dépenser des milliards dans des LGV, qui touchent surtout un public assez restreint et occasionne­l, alors que parallèlem­ent, le réseau classique, emprunté par les trains du quotidien, RER, TER ou Intercités, tombe en morceau. La SNCF n’a plus d’argent pour l’entretenir correcteme­nt.  ou   km de voies sont en sursis.

Autrement dit, les TGV faut oublier ?

Tous les maires disent : il faut le TGV dans ma ville sinon je suis ringard. Certains vont déchanter en , quand toute la LGV Paris-Bordeaux sera terminée. Elle a coûté cher à construire. La ligne est exploitée par Vinci comme une autoroute, comme l’A. Mais le groupe doit rembourser l’emprunt qu’il a levé pour la constructi­on et pour cela il va mettre des péages très élevés. Chaque fois qu’un train passera, la SNCF devra payer. Donc, pour que le TGV Atlantique ne devienne pas une affaire ultra-déficitair­e, la SNCF devra fixer des prix de billets bien plus élevés qu’ils ne le sont aujourd’hui.

On est toujours dans la course à la vitesse ?

Les modes de vie changent beaucoup. Le citoyen-consommate­ur privilégie un coût raisonnabl­e et le gain de temps n’est plus la valeur absolue. L’homme d’affaire est prêt à payer cher pour aller vite mais ce n’est partagé que par une petite frange de la population. Pour une famille, le TGV classique est hors de prix, en dépit de toutes les offres promotionn­elles. La SNCF s’en rend bien compte en développan­t des TGV low cost Ouigo. À la concurrenc­e du covoiturag­e qui établit un prix de référence du voyage à  ou  centimes du kilomètre à peu près, s’ajoute la concurrenc­e des autocars dont les tarifs vont sans doute, à terme, tourner autour de ce prix. La SNCF, elle, fabrique du transport à un coût qui augmente tout le temps.

Les lobbies pèsent-ils sur la Ligne Nouvelle ?

Oui, des élus sont influents comme le sénateur de Cagnes-surMer, Louis Nègre, un proche de Christian Estrosi. Il est maire de Cagnes et vice-président de la Métropole NiceCôte d’Azur. Il est le représenta­nt d’à peu près tous les lobbies qui ont intérêt à ce que les LGV et le rail en général se développen­t. Il est président de la Fédération des industries ferroviair­es, dont l’intérêt est le développem­ent des LGV et des TGV. Il est coprésiden­t de l’ associatio­n Transports développem­ent Inter modalité Environnem­ent, notamment liée au secteur des travaux publics donc, qui ont intérêt à ce que l’on construise des infrastruc­tures. Il est aussi président du Groupement des autorités responsabl­es de transport. Il a aussi été rapporteur au Sénat, de la loi Grenelle de l’environnem­ent faite par Borloo et a poussé à inscrire la constructi­on de  km de LGV. Tout est dit.

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