«On est commanditaires du meurtre animalier »
L’association L214, fondée en 2008, milite pour l’abolition de toute forme d’exploitation animale. L’une de ses cofondatrices, Brigitte Gothière était à Nice, hier, pour une conférence
L214. Éthique et animaux… C’est l’association qui commence à faire flageoler le lobby de la viande. C’est eux qui ont porté à la connaissance du grand public les images chocs filmées dans les abattoirs, à travers la France. Fondée en 2008, L214 milite pour l’abolition de toute forme d’exploitation animale : du poussin mâle broyé dans les élevages de poules, au gavage des oies et canards pour le foie gras. Hier, à Nice, leur porte-parole et cofondatrice, Brigitte Gothière, a tenu une conférence à l’invitation du Collectif animalier 06. Végétarienne depuis 20 ans, vegan depuis15, la militante, âgée de 43 ans, a un discours posé et « constructif ». « On râle, mais on propose aussi des solutions »… Petit à petit, L214 s’impose dans le débat public.
En ans, avez-vous le sentiment d’avoir fait avancer votre cause ?
Nous avons permis d’ouvrir le débat. Grâce à nous, la question se pose enfin : est-il légitime de tuer des animaux pour se nourrir ? La question aujourd’hui est un peu débattue. Certes, pas autant qu’on voudrait.
Votre message a-t-il évolué ?
Non, il n’y a pas de viande heureuse. Les abattoirs sont des lieux violents, cruels, où cohabitent deux misères. La misère animale et celle des gens qui travaillent dedans, car on leur demande l’impossible. Nous dénonçons les conditions de vie, d’élevage, de transport et d’abattage des animaux. Et la pêche aussi.
Vous sentez-vous seuls dans ce combat ?
Est-il nécessaire de consommer des produits issus des animaux pour être en bonne santé ? On sait, aujourd’hui, que la réponse est non. Et nous ne sommes plus seuls à le dire. Les organismes de santé aussi le disent, certes pas en France mais à l’étranger. Et les nutritionnistes disent qu’on peut être vegan et en bonne santé.
Vous avez une communication
à base d’images chocs, dans les abattoirs, notamment,
(lire ci-contre)...
Ce sont des images qui marquent. Les réactions de terreur des animaux, ça touche tout le monde. Voir un animal lutter, tenter de fuir, résister autant qu’il peut pour ne pas mourir, tout le monde est d’accord pour dire que c’est insoutenable. D’autant que l’on sait scientifiquement, que l’on a beaucoup de similitudes avec l’animal.
Le foie gras, une autre de vos batailles ?
Nous sommes d’ailleurs partis de ce combat-là. En premier, nous avions créé l’association Stop Gavage. Non seulement on tue un animal, mais on le rend malade avant. Avec le foie gras, on est au paroxysme de ce que l’on peut faire subir à un animal pour le manger sans se poser de questions.
Subissez-vous des pressions, des menaces ?
On reçoit des menaces, de temps en temps, mais rien de grave. Ce qui est sur, c’est que l’on est face à un lobby très puissant, avec un outil de propagande qui l’est tout autant.
Les mentalités évoluentelles ?
Lentement, mais oui. Notre objectif est de permettre aux gens de faire le lien entre la viande et l’animal. Lorsqu’on en mange, on est commanditaires du meurtre alimentaire. Dans ce combat, chaque geste compte. Réduire sa consommation, c’est déjà un pas. Mais, c’est difficile car traditionnellement, culturellement, nous mangeons de la viande… La question est : que peut-on faire, individuellement et collectivement ? Que peut faire la société ? Il y a des injustices qu’on a pu abolir dans le passé, pas de raison qu’on soit bloqués. L’évolution naturelle va vers plus de bienveillance. Et, on est bien conscients qu’on ne pourra pas créer une société où on n’exploite pas l’animal sans l’accord de tous. Ce n’est pas un monde que l’on doit construire de force.