Emmanuel Macron se pose en «candidat du travail»
L’ex-ministre de l’Economie a tenu hier son premier grand meeting, devant plus de 10 000 personnes à Paris. Une démonstration de force durant laquelle il a un peu plus dévoilé son programme
Amoins de cinq mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron, autoproclamé « candidat du travail », a effectué hier à Paris une démonstration de force devant plus de 10 000 personnes (environ 15 000 selon son décompte), et levé le voile sur un pan économique et social de son programme. Lui qui a longtemps entretenu un faux suspense autour de son ambition élyséenne est cette fois entré de plain-pied dans la campagne, plongé dans la ferveur d’une foule nombreuse et acquise, pour ce premier grand meeting parisien tenu Porte de Versailles.
Plus de militants actifs sur le terrain
« C’est un rêve fou qui est en train de se réaliser », a ainsi clamé un Emmanuel Macron galvanisé derrière son pupitre, sous les yeux de plusieurs dizaines d’élus dont le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, qui coordonne la recherche de parrainages, l’ancien président de la Région Ile-de-France JeanPaul Huchon, ainsi que des avocats proches de François Hollande, Jean-Pierre Mignard et Dominique Villemot, et l’ancien ministre de Jacques Chirac de 2002 à 2007, Renaud Dutreil. L’ex-locataire de Bercy, démissionnaire en août dernier, a ainsi témoigné de la vigueur de son mouvement « En marche ! », qui revendique quelque 120 000 adhérents gratuits, et entre 15 000 et 20 000 personnes actives sur le terrain, selon son entourage. De même source, « 3,7 millions d’euros » ont aussi été récoltés auprès de « 12 000 donateurs », avec l’objectif d’atteindre « 8-9 millions d’euros » et d’en emprunter autant pour l’ensemble d’une campagne qui se structure de jour en jour. En attendant, trois semaines après son annonce de candidature, Emmanuel Macron a donné un peu plus corps à son programme. Entre deux salves d’applaudissements et durant plus d’une heure quarante, il a déroulé ses mesures, organisées autour d’une idée force : « libérer » et « protéger », pour « réconcilier notre pays avec le goût du risque ». Dans cette perspective, il s’est posé en « candidat du travail », promettant une baisse du coût de celui-ci pour toutes les entreprises, et un maintien de la durée légale à 35 heures.
« Libérer les territoires »
«Je maintiendrai les allégements de cotisation déjà décidés ces dernières années mais je transformerai le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en allégements de charges pérennes », a-t-il ainsi promis, renouvelant sa proposition de supprimer les cotisations maladie et chômage payés par les salariés, transférées sur une hausse de la CSG. Il a aussi assuré que les salaires nets augmenteraient grâce à ces mesures. Après avoir promis d’aller « plus loin » dans la décentralisation et s’être de nouveau prononcé en faveur d’une autonomie des université, des établissements scolaires, des hôpitaux, afin de « libérer les ter ritoires », Emmanuel Macron a décrit ses « trois « boucliers : de sécurité, social et européen ». Dans son allocution, version précisée de son discours du Mans mi-octobre, il a aussi promis l’embauche de 10000 fonctionnaires de police et de gendarmerie et redit sa volonté de réinventer une « police de proximité » et de « rebâtir le renseignement territorial». Sur le volet social, il s’est engagé, contrairement à François Fillon, à ne « dérembourser aucun soin » et a lancé des pistes pour « refonder le système de formation » en plaidant pour la création « d’un service public de la formation et de l’activité ». Il a aussi évoqué une assurance chômage « universelle », y compris pour les démissions, et un « devoir de travailler » quand une offre «décente » était proposée à un chômeur. « Plus personne ne parle d’Europe », a-t-il enfin déploré, en invoquant notamment la nécessité d’une «politique commerciale » commune pour faire face à la « concur rence déloyale des Chinois et des Indiens » : «L’Europe est notre meilleure protection [...], notre identité, notre rêve commun. »