: Hyères est « la serre chaude de la Provence »
Une oasis où, depuis le 1er janvier jusqu’au dernier jour de l’année, le soleil succède au soleil.» Telle est la belle définition de la ville d’Hyères que le journal L’Illustration de Paris donne dans son numéro du 31 décembre de l’année 1864. Le journal s’intéresse aux « Stations d’hiver ». Hyères en est devenue une. Le tourisme aristocratique d’hiver s’est considérablement développé depuis qu’en 1859, le train est arrivé à Toulon et qu’en septembre 1862 le chemin de fer s’est prolongé jusqu’à Nice avec un arrêt à proximité d’Hyères. De cet arrêt, on se rend en voiture à chevaux jusqu’au centre de la ville. Il faudra attendre en 1875 pour qu’une gare soit construite au centre d’Hyères grâce à embranchement sur la ligne Toulon-Nice. Le journaliste de L’Illustration est sous le charme : «Cette oasis est la terre des myrtes et des orangers, la ville d’Hyères, si favorisée du ciel, et qui mérite si bien le nom de serre chaude de la Provence... On avait jusqu’alors regardé Hyères comme un mythe, comme une légende fabuleuse, et cette jolie ville de notre littoral, soeur aînée de Toulon dont elle est un élégant faubourg, était confondue avec les îles peu habitées qui entourent sa rade magnifique d’une gracieuse ceinture. Aujourd’hui les littérateurs, les artistes et les malades en ont fait l’agréable découverte, et la ville n’est plus assez grande pour contenir les riches étrangers qui arrivent de toutes parts et les convalescents qui viennent y chercher la vie et la santé.» « Quel est le journaliste qui s’exprime de manière aussi lyrique sur la ville ? Germain de Saint-Pierre, ancien précepteur du comte de Paris, professeur de botanique à la faculté de Médecine de Paris, qui est tombé amoureux d’Hyères en 1857 et qui, étant à la tête d’une grande fortune, a fait construire un château néo-médiéval dans le quartier de Costebelle. Ce château comporte une série de tours
La bataille de Simonosaki et l’ouverture du Japon à l’Occident En cette fin d’année 1864, la France découvre avec retard un important événement géopolitique qui s’est produit fin novembre : la bataille navale de Simonosaki au Japon. La marine française y a pris une large part sous le commandement du contre-amiral Charles Jaurès, grand cousin de Jean Jaurès. Cette bataille va avoir pour conséquence l’ouverture du Japon au monde occidental. rondes et carrées, est entouré de jardins sur 25 hectares, comprend... cinquante pièces, dont trente chambres à coucher, deux grands salons et un oratoire. Il s’y adonne à la botanique. Il a 50 ans lorsqu’il rédige cet article. Il mourra à Hyères en 1882. «Les plus mondains, poursuit l’auteur, peuvent préférer Nice, d’autres préféreront Hyères, ville calme aux brises tièdes et parfumées ; il en sera de même des artistes et des amis de la nature, qui sauront apprécier tout ce qu’il y a de pittoresque
Depuis le milieu du XVIIe siècle, le Japon s’était totalement replié sur lui-même et sur des pratiques sociales féodales. Commentaire de L’Illustration sur la bataille de Simonosaki : « C’est à ce fait d’armes auquel notre marine a pris une part glorieuse qu’est due l’ouverture définitive des mers du Japon : résultat considérable dont on appréciera plus tard tous les avantages soit au point de vue des intérêts commerciaux soit au point de vue plus élevé de la civilisation d’extrême orient. »
Le « bouquet magique » du parfumeur Rimmel En cette fin d’année 1864, L’Illustration multiplie ses conseils de cadeaux ou de tenues pour le réveillon. Parmi eux figure le « bouquet magique » du parfumeur Eugène Rimmel. Ce parfumeur est installé au 17, boulevard des Italiens à Paris. Son nom est, de nos jours, bien connu dans le monde des cosmétiques et le maquillage des yeux. Il propose son « cadeau d’étrennes » avec ce commentaire tout à fait dans le style du XIXe siècle : «Cette parfumerie adoptée par les femmes élégantes a, pour le jour de l’an, les plus gracieuses innovations, notamment le bouquet magique dont les tiges recèlent les parfums qui ravivent les arômes des fleurs.» Bon réveillon ! et de splendide et de grandiose dans les imposantes montagnes, ses collines boisées et fleuries, le soleil qui dore ses vastes horizons et la mer qui se découpe entre les îles en grands lacs azurés... C’est là qu’aux rayons de ce chaud soleil qui ne laisse pas de place à l’hiver, de frêles tempéraments deviennent robustes, que des enfants frêles et pâles reprennent les couleurs de la santé et que les convalescents retrouvent leurs forces épuisées ». L’équipement hôtelier commence à être important et L’Illustration vante le « Grand Hôtel des Îles d’Or » qui fut, on le sait, l’un des fleurons de l’hôtellerie de luxe dans notre région sous le Second Empire. Situé sur l’avenue du même nom, il a été transformé en appartements en 1950. L’Illustration invite aussi les hivernants au tourisme : « Les excursions en voiture ou par caravane, à cheval, à âne ou à pied emploient la plupart des journées. La presqu’île pittoresque de Giens et les ruines de son vieux château, l’île et les forteresses de Porquerolles, et plus près le joli village maritime de Carqueiranne, les ruines romaines de l’Almanarre et de Pomponiana, la chartreuse de Montrieux cachée au fond d’une vallée boisée ; la visite des bâtiments de l’escadre qui stationnent fréquemment dans la rade, sont autant de motifs de promenades... La proximité de Toulon et de Marseille est une circonstance heureuse». Et l’article s’achève sur cette prophétie : « On assure que le jour n’est pas éloigné où Hyères sera aussi une station d’été. Sa plage est belle, en effet, pourquoi ne s’y baignerait-on pas ?» LA CONFÉRENCE L’EXPOSITION