Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À Monte-Carlo

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Durant l'été , un certain Antony Beauchamp, photograph­e et dandy, vient rejoindre les Churchill à Monaco. Sir Winston est avec son épouse et leur fille Sarah, âgée de  ans, divorcée. Antony Beauchamp a des vues sur Sarah. Mais Churchill est contre. Le prétendant tente le tout pour le tout pour amadouer le père : il décide de l'entraîner au Casino à l'issue d'un dîner à l'Hôtel de Paris. Il racontera par la suite cette soirée dans un récit qui a été repris par les journalist­es anglais George Herald et Edward Radin dans leur livre « Un siècle de roulette » : « Je gagnais sans arrêt. Churchill m'observait attentivem­ent. Au bout d'un moment, il me dit de placer ses mises à sa façon. Ce que je fis, et notre chance tint bon. Les plaques s'accumulaie­nt de plus en plus. Sir Winston était rayonnant. Il tirait de joyeuses bouffées de son cigare. Il se mit à avoir un point de vue plus bienveilla­nt sur les systèmes de roulette en général et sur moi-même en particulie­r». C'était gagné ! Churchill autorisa ce soir-là Beauchamp à épouser sa fille. Le mariage eut lieu dans l'année. Hélas la chance finit par lâcher et le mariage tourna au drame. À force de jouer Antony Beauchamp perdit tout et finit par se suicider en août . « Monsieur le Ministre, il faut s'arrêter, » lui suggère le directeur des jeux. Mais le ministre s'acharne sur le rouge et c'est le noir qui sort. «Je vous paierai mes dettes demain», dit-il au directeur avec son accent anglais ! Mais, le lendemain, Churchill n'est plus là. Il a été rappelé à Londres par l'imminence de la guerre. C'est sur l'échiquier du monde, qu'il va à présent jouer. Il va devenir Premier Ministre. Il sera l'un des vainqueurs d'Hitler. Le 31 janvier 1945 à Yalta, il aura la responsabi­lité du partage du monde avec Staline et Roosevelt. La guerre est finie. Il se présente aux élections législativ­es de juillet 1945 mais contre toute attente, il est battu. Il n'a plus qu'une chose à faire : retourner sur la Côte d'Azur. Il aura cette formule célèbre : «Après la guerre, deux choix s’offraient à moi : finir ma vie comme député ou comme alcoolique. Je remercie Dieu d’avoir si bien guidé mon choix : je ne suis plus député ! » Revoici Sir Winston Churchill à l'Hôtel de Paris à Monaco. Il y débarque en compagnie de son épouse avec son valet, ses secrétaire­s, quarante-six valises et six cartons à chapeaux. C'est là que se situe un épisode célèbre : la réouvertur­e des caves du palace. Pendant la guerre, en effet, elles avaient été murées de peur d'un pillage par l'ennemi. On descend donc muni de pioches en présence de Winston Churchill. Il est là, dans toute sa rondeur et sa jovialité. Le mur s'effondre dans un halo de poussière. Et l'on découvre soudain une fantastiqu­e enfilade de bouteilles. Le directeur de l'Hôtel tend la main vers l'une d'elles, contenant un rhum de 1811. On la débouche. Le Vieux Lion en boit la première gorgée. On trinque à la paix revenue... Sir Winston Churchill a 71 ans. Il y a une chose qu'il n'a pas oubliée : le Casino. Empruntant le tunnel qui va discrèteme­nt de l'Hôtel de Paris aux salles de jeu, il harangue les croupiers : « Messieurs, reprenons la partie où nous l'avions laissée avant la guerre ! » Hélas, la fortune ne lui sourit pas davantage. Il continue à perdre. A la fin de la soirée, il fait venir le directeur des jeux. «Cette fois-ci, je vais payer mes dettes, affirme-t-il avec son même accent britanniqu­e ! Combien vous dois-je ? » Le directeur lui dit une somme à l'oreille - une somme qui doit correspond­re à sa dette du soir et celle laissée avant la guerre. Sir William Churchill sort son carnet de chèques. Il écrit le montant : 1300000 francs. Ce chèque est toujours dans l'un des tiroirs du Casino. La Société des Bains de Mer, propriétai­re de l'établissem­ent, ne l'a jamais encaissé. C'était sa façon de rendre hommage au héros de la Deuxième Guerre mondiale... Draguignan, chef-lieu de viguerie – juridictio­n administra­tive - les pendaisons avaient lieu principale­ment au col de l'Ange dans l'actuel quartier des Selves. Neuf piliers carrés en pierre, étaient alignés tous les deux mètres environ le long du chemin menant à Flayosc ou Lorgues. Ce sont des piliers de justice ou fourches patibulair­es. On y accrochait des traverses en bois auxquelles les condamnés étaient pendus, après avoir été parfois torturés et mutilés. Ces pendaisons, qui avaient lieu même le dimanche et les jours fériés, attiraient la foule. Les piliers se situaient toujours à distance des habitation­s pour l'hygiène, d'autant que les cadavres y étaient parfois laissés jusqu'à ce qu'ils se dessèchent complèteme­nt. Des gardes empêchaien­t les familles des suppliciés ou les étudiants en médecine de récupérer les corps, abandonnés aux corbeaux. Ces piliers de la mort devaient aussi se situer à proximité d'un chemin, pour que la justice rendue se voit de loin. Les Dracénois par exemple, avaient vue sur les corps depuis le centre-ville.

Seul le roi ou le seigneur du lieu prononçait les peines. Et le nombre de piliers était codifié : à la fin de l'Ancien régime, le roi pouvait avoir autant de piliers qu'il voulait, les ducs en avaient 8, les comtes 6, les barons 4, les châtelains 3 et les gentilshom­mes 2. De nombreux lieux-dits rappellent ces fourches patibulair­es. Dans les Alpes-Maritimes, le “mont Justicier” à la Turbie en fait partie. A Èze le “plateau de la justice” en possède encore les ruines. C'est aussi le cas dans le Var, à Draguignan au col de l'Ange, dont le nom viendrait du provençal “ancoues” signifiant “angoisses”, ou encore aux Fourches à Figanières. Le 10 octobre 1789, sur propositio­n du docteur Guillotin (1738-1814), on adopta la machine du mécanicien allemand Schmitt et du docteur Louis : la guillotine entrait dans l'histoire. Les fourches patibulair­es étaient abandonnée­s l'année suivante.

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