Var-Matin (La Seyne / Sanary)

FOOTBALL LIGUE 

Courtisé par de nombreux clubs (Séville, Lyon...), Hatem Ben Arfa a finalement rejoint le Paris Saint-Germain. Mais Nice, qu’il retrouve ce soir, a tout tenté pour le retenir

- VINCENT MENICHINI

Il ne sera resté qu’une saison à Nice, mais quelle saison ! De par ses exploits répétés et ses buts d’anthologie (17 au total en Ligue 1), Hatem Ben Arfa est entré dans le coeur des supporters du Gym, lesquels ont longtemps espéré que l’idylle se prolonge une saison de plus. Or, au terme d’un suspense haletant, « HBA » s’engage au Paris Saint-Germain le 1er juillet. Longtemps dans la course, l’OGC Nice doit dire adieu à son génie, lequel n’a pourtant jamais fermé la porte au club qui l’a fait renaître. Dès le printemps dernier, alors que le Gym est toujours en course pour le podium, Ben Arfa se pose des questions sur son avenir. Les courtisans ne manquent pas. Ses critères de sélection, eux, sont très précis : il veut jouer la Ligue des champions, fait de Paris sa priorité absolue, mais avec Nice le contact n’est jamais rompu. Sauf qu’au départ, il lie son destin en rouge et noir à celui de Claude Puel pour qui il voue une profonde admiration. « Si le coach Puel part, je ne reste pas », lâche-t-il à ses dirigeants, avant de faire machine arrière lorsqu’il apprend que Lucien Favre est la priorité pour le poste. « L’ancien entraîneur de M’Gladbach, vraiment ? » ose-t-il, emballé par l’idée. Dès lors, il s’intéresse de plus en plus près aux contours de l’effectif 2016-2017, allant même jusqu’à en discuter à plusieurs reprises avec Lucien Favre. Les échanges sont constructi­fs. Ils dévient rapidement sur le jeu. Le technicien (e suisse lui indique comment il entend le faire évoluer sur le terrain. L’axe et une certaine liberté d’expression lui sont promis. Entre les deux hommes, qui se rejoignent sur bien des points dans le domaine footballis­tique, le feeling est bon. Ben Arfa se sent désiré, ce qui chez lui s’avère prépondéra­nt, voire même essentiel. L’opération séduction semble fonctionne­r. « À ce moment, il a eu un doute et a vraiment songé à rester à Nice », souffle un proche du dossier.

Quand Jorge Sampaoli le rencontre au Brésil

C’est alors que Jean-Michel Aulas met son grain de sel. Le boss de l’OL rêve de faire revenir son ancien poulain dans le Rhône et lui offre un pont d’or à l’échelle de son club. Malgré les 400 000 euros mensuels mis sur la table, Ben Arfa, qui a poliment écouté son ex-patron, n’est pas emballé par l’idée de retourner dans son ancien club et, surtout, rejoindre un vestiaire au sein duquel les ego de Lacazette, Fekir ou encore Valbuena ont déjà bien du mal à cohabiter. « On a toujours eu une longueur d’avance sur Lyon », glisse même une source niçoise. Mais la concurrenc­e s’intensifie et Nice ne fait plus le poids. « Pour Hatem, on y a cru jusqu’à ce que Séville et Paris entrent dans la danse, confie Jean-Pierre Rivère. À partir de là, on ne pouvait plus rivaliser. » Au soir de la victoire contre SaintEtien­ne, qui valide la qualificat­ion européenne, Ben Arfa croit encore à la deuxième place et lance à la cantonade dans un vestiaire en fête : « Maintenant, il faut aller gagner à Guingamp et, vous verrez, Montpellie­r fera nul à Monaco. » C’est raté ! L’ASM ne tremble pas. Pour le Gym, ce sera finalement la Ligue Europa. « Si on s’était qualifié pour la Ligue des champions, on aurait peut-être eu plus d’arguments », avance Rivère. Dans un dernier baroud d’honneur, les dirigeants niçois lui font tout de même une offre de contrat avec à la clé un salaire estimé entre 200 000 et 250 000 euros. Une coquette somme certes, mais celleci est très éloignée de la propositio­n sévillane (450000 euros par mois). Jorge Sampaoli, qui a remplacé Unai Emery sur le banc andalou, fait de Ben Arfa sa priorité et lui expose son projet lors d’un rendez-vous au Brésil, où l’internatio­nal est en vacances. « Sampaoli voulait faire l’équipe autour de lui et faire de Hatem l’un des cinq meilleurs joueurs du monde », affirme un proche.

Le coup de fil de Nasser

L’affaire est en très bonne voie, mais un coup de fil va tout changer. Après s’être longtemps tenu à l’écart, puisqu’il devait notamment régler le dossier de l’après Laurent Blanc, le PSG, par l’intermédia­ire de Nasser Al-Khelaïfi, fait part de sa volonté au joueur de le voir évoluer sous le maillot parisien. Natif de Clamart, “HBA” est en passe de réaliser son rêve. La rencontre avec Olivier Létang, le directeur sportif du PSG, à l’hôtel Saint-James dans le XVIe arrondisse­ment vient entériner sa décision. Ce sera Paris et rien d’autre. Depuis, Hatem Ben Arfa, qui a signé un contrat de deux ans avec le club de la capitale, n’a pas retrouvé l’éclat de sa saison en rouge et noir. Unai Emery le fait jouer avec parcimonie, mais lui a toujours gardé le cap. « Je l’ai eu durant sa période un peu difficile. Il a vraiment progressé mentalemen­t, lâche Mathieu Bodmer. Le discours qu’il m’a tenu était plein de bons sens. Ça n’avait rien à voir avec le garçon que j’avais connu plus jeune. » À Nice, il n’a gardé que des soutiens, à commencer par JeanPierre Rivère qui le tient en très haute estime. « Hatem a permis de donner de la visibilité à notre projet. C’est un garçon que j’ai beaucoup apprécié. On s’appelle de temps en temps, on échange des messages. Je sais qu’il regarde tous nos matchs. » De là à le revoir porter le maillot niçois dans un futur proche ? « Si vous étiez président du PSG, vous le prêteriez à Nice ? Probableme­nt pas », coupe JeanPierre Rivère, mettant fin aux rêves de certains.

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(Photo Jean-François Ottonello)
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(Photo Sébastien Botella) Entre Jean-Pierre Rivère et Hatem Ben Arfa, les échanges sont fréquents. Mais le président niçois ne croit pas au retour de son ancien protégé.

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