Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quels seraient les avantages d’une monnaie locale?

Depuis le mois mars, plusieurs collectifs citoyens planchent sur un projet de monnaie locale dans l’aire toulonnais­e, de Six-Fours à Hyères. Ils viennent de présenter des pistes de réflexion

- SIMON FONTVIEILL­E

L’oseille, le fric, le flouze. La thune, le pognon, le cash… Quel que soit son petit nom - et Dieu sait qu’il en a -, l’argent passionne les hommes. « Money, money, money ! », comme chantaient les rois suédois de la pop dans leurs costumes à paillettes. Oui, mais là, avec l’associatio­n “Monnaie locale, Aire toulonnais­e”, c’est différent. Du moins, en principe. C’est sous ce nom en effet que se sont regroupés les mouvements des Colibris de Toulon et de Hyères, La vallée du Gapeau en transition, Pierrefeu terre de partage ou encore le Réseau d’éducation varois pour l’environnem­ent et la solidarité. Avec un objectif : lancer, à la fin de l’année 2 017, une monnaie locale, en complément de l’euro et avec un taux de change d’un à un, courant de Six-Fours à Hyères. Une monnaie qui serait dotée de nombreuses vertus…

Mettre de l’éthique dans l’économie

Loin du Veau d’or, la monnaie locale toulonnais­e - qui n’a pas encore de nom définitif - entend mettre un peu de morale dans ce monde cruel qu’est l’économie. Comment ? Chaque commerçant qui utilisera la monnaie devra adhérer à l’associatio­n et s’engager à signer une charte qui promeut des pratiques éthiques, les circuits courts et le respect de l’environnem­ent. «En cas de nonrespect de la charte, un comité d’éthique pourra prononcer une exclusion », souligne Mylène Colin, des Colibris de Toulon.

Dynamiser le commerce local

Même éthique, l’argent, c’est pour faire du business .En n’étant utilisée que dans un espace restreint et ne pouvant être épargnée, la monnaie toulonnais­e a vocation à dynamiser les échanges sur le territoire. «Et puis les commerçant­s auraient une clientèle fidèle, estime Mylène Colin. Sans compter le gage de qualité pour leurs produits. »

Créer un lien entre les habitants

« Une monnaie locale, ça peut créer des liens entre les habitants, lance Pia Soave, de La vallée du Gapeau en transition. D’autant plus qu’il y a un mouvement régional en faveur des monnaies locales, avec des projets en gestation à SaintTrope­z, Gap, Brignoles. Sans compter la Roue, en circulatio­n à Salon-de-Provence. » Mais, si chaque ville ou région a sa monnaie locale, notre chère France n’est-elle pas menacée d’éclatement ? « Non, on fera tout pour que ça n’arrive pas », assure Pia.

Ôter de l’argent à la spéculatio­n boursière

« Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ! » Tel pourrait être la devise inscrite sur les billets de la future monnaie toulonnais­e. «L’associatio­n aura, en euros, un fonds de garantie de la même valeur que la monnaie locale en circulatio­n. Il sera déposé dans une banque comme le Crédit Coopératif ou la Nef, qui réinjecten­t de l’argent dans des projets locaux et solidaires, glisse Vincent Joguin, des Colibris de Hyères. Mettre ce fond dans une banque de la haute finance, ça aurait dénaturé le projet… »

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(Photo : S.F.) Sonia Joguin, membre des Colibris de Hyères, avec une première version de la monnaie locale toulonnais­e. Deux noms sont pour le moment envisagés : le Maïo et le Lito.

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