Var-Matin (La Seyne / Sanary)

FORMULE  « Pas une décision aisée »

L’Allemand Nico Rosberg, champion du monde de F1 2016, est un jeune retraité des circuits de 31 ans. Le résident monégasque veut profiter des siens et s’imagine une tout autre carrière

- PROPOS RECUEILLIS PAR FABIEN PIGALLE

L’Allianz Prévention Tour ne pouvait rêver meilleur ambassadeu­r pour évoquer la sécurité routière. Nico Rosberg, champion du monde de F s’est rendu hier sur le parvis de l’Allianz Riviera pour parler auto. La F, l’Allemand qui habite Monaco a pourtant tiré un trait dessus. Une page qu’il a tournée à  ans avec le sourire. Un sourire, qui ne l’a pas quitté le temps de cette interview.

Vous avez été sacré champion du monde de F, sur l’ultime course de la saison à Abu Dhabi. Racontez-nous...

C’était la course la plus intense de ma vie. J’ai été en position de perdre le championna­t à trois reprises durant ces  tours. C’était extrêmemen­t dur parce que je ne savais pas à quoi m’attendre. Et donc un énorme soulagemen­t de l’avoir emporté au final. J’avais envisagé toutes les possibilit­és pour cette course. Je suis vraiment content de m’en être sorti.

La F a rythmé votre vie, n’avez-vous pas peur du vide qu’elle pourrait laisser ?

C’est un gros changement. Ça n’a pas été une décision aisée à prendre. Quand j’y pense, tous les jours de ma vie ont été consacrés à la F. C’est immense. Mais au final, je suis tellement satisfait de ma carrière. J’ai tout réussi. Je veux juste passer à autre chose maintenant. J’ai encore beaucoup de projets et challenges à aller chercher dans la vie. C’est pour moi l’occasion de consacrer plus de temps à ma famille. Quand on fait du sport de haut niveau, on la laisse un peu de côté. Un sacrifice que vous êtes capables de faire un certain temps... mais pas pour toujours.

Vous évoquez d’autres projets... sportifs ?

(Il réfléchit) Non, pas sportif pour l’instant. Je me vois bien dans l’immobilier, entreprene­ur, voire aider les jeunes dans le sport auto. Nico Rosberg se verrait bien dans l’immobilier.

Parce que vous savez que sans aides, il est difficile de réussir dans l’automobile ?

Et oui... Dans notre sport, il faut avoir beaucoup d’argent pour arriver en F.

Quand avez-vous décidé d’arrêter ?

Ce choix a commencé à mûrir dès que la possibilit­é de devenir champion du monde s’est précisé. Disons les quelques semaines qui précédaien­t la fin de la saison.

N’existait-il pas un risque de penser à “l’après”, avant même la fin de la saison ?

Ce n’était effectivem­ent pas une bonne idée (sourire). Donc j’ai tout fait pour ne pas trop y penser. Mais en même temps, c’est ce qui m’a donné encore plus de conviction­s pour la dernière course. Avant le départ, je savais que je devais profiter et prendre du plaisir. J’avais les idées claires sur ce que je devais faire.

Votre écurie a passé avec humour une petite annonce dans un journal auto allemand pour vous remplacer. Comment l’auriez-vous rédigé, vous ?

Ils ont déjà mis tout ce qu’il

Quel conseil donner à celui qui enverra son CV ?

Quel conseil ? (il réfléchit) Je lui dirais : « Ne pense pas que ce sera simple... parce que dans l’autre voiture, il y a Hamilton ! » Et lui met les gaz sur la piste ! (sourire). Mais avec du panache, c’est possible de bien travailler.

Avant le départ, je savais que je devais profiter ” Il y a encore la possibilit­é qu’on soit ami... ”

Auriez-vous été champion si Hamilton n’avait pas été à vos côtés ?

Mais je suis champion !

Disons que cette rivalité en interne vous a peutêtre aidé à repousser vos

Sans franchir les limites ? Euh... On a dépassé les limites : on s’est sorti tous les deux à Barcelone !

Quelles sont vos relations avec Lewis ?

C’est bien... Je pense qu’il y a encore la possibilit­é qu’on soit vraiment ami un jour. Émotionnel­lement, la saison a été difficile... C’est toujours difficile. C’est ça de se battre au plus haut niveau. Mais c’est une belle bataille. J’ai beaucoup appris sur moi.

Quoi par exemple ?

Le sport m’a permis de me développer sur le plan personnel. D’une manière incroyable. Apprendre à travailler avec d’autres personnes dans l’intensité d’une saison, avec du respect, former une équipe etc. J’ai apprécié ces rapports humains. J’étais aussi mon propre agent quelque part, je négociais moi-même.

On a la sensation que la F est un sport très égoïste...

Je dirais qu’il faut savoir être les deux. On doit être égoïste pour faire correcteme­nt son job, mais il faut également savoir penser à l’équipe.

Que représente la Côte d’Azur pour vous ?

C’est tout simplement chez moi. C’est ma maison. Un endroit que j’adore et où je veux rester toute ma vie. Pour moi, c’est le plus bel endroit du monde. Je suis allé à l’école à Nice. A deux pas de Nice-Matin ! Je suis presque Niçois.

Une terre d’automobile...

Clairement. Monaco, avec son circuit, fait partie du patrimoine. La première voiture Mercedes de l’histoire a effectué sa première course à La Turbie (début ). Incroyable, non ? Donc oui, on peut vraiment dire que c’est un lieu historique.

La F va revenir au Castellet !

Trop bien ! Je suis content pour les fans en France. Je viendrai sûrement voir ça.

Et le Grand Prix de Monaco, vous imaginezvo­us aussi en tribunes ?

Ce sera très bizarre c’est sûr. Je ne sais pas quelles émotions je vais ressentir, mais je suis sûr d’une chose.

Laquelle ?

Je vais être fan de ce sport !

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