Vaches à lait
Toujours plus rentables pour leurs actionnaires, et destructrices d’emploi, les autoroutes vont voir leurs tarifs à nouveau augmenter en . Professionnels de la route et association d’automobilistes montent au créneau.
Si les demandes des sociétés concessionnaires d’autoroutes sont validées, les tarifs des péages français augmenteront de 0,76 % en moyenne au 1er février 2017. L’information, annoncée par l’État fin novembre au Comité des usagers de la route, a fait vivement réagir l’Organisation du transport routier européen (OTRE), qui défend les PME et TPE de la profession. À la Maison du transporteur de Toulon, où se trouve le siège régional du syndicat, le secrétaire général JeanMarc Montagnac regrette d’abord la méthode et « le fait qu’avant toute concertation avec les usagers et les professionnels de la route, au mépris de tout dialogue, ces hausses tarifaires ont déjà été communiquées aux médias ».
Vinci la plus gourmande
Sur le fond, l’OTRE dénonce « une augmentation injustifiée et injustifiable qui démontre une certaine opacité dans les relations entre l’État et les sociétés concessionnaires ». L’organisation note au surplus la disparité des hausses annoncées. En effet, l’augmentation sur le réseau des Autoroutes du sud de la France (ASF) géré par Vinci, atteindra 1,197 % l’an prochain, plus que celles prévues sur le réseau APRR (0,896%), le réseau Escota Vinci (0,592%), les autoroutes des sociétés SANEF et SAPN (0,582%). Le réseau de la société Cofiroute (0,572%) connaîtra l’évolution la plus modérée. En outre, bien que les hausses soient opérées sur les principes de calculs prévus dans les contrats de plan et rien d’autre, trois sociétés ont procédé à des augmentations plus importantes pour les véhicules de classes 3 et 4 (poids lourds et autocars). « Cette stigmatisation est en totale contradiction avec le voeu du gouvernement d’inciter les poids lourds et autocars d’utiliser le réseau autoroutier », souligne M. Montagnac.
« La hausse est injustifiée »
Cette augmentation est totalement inacceptable pour l’OTRE, qui parle de racket, alors même que les sociétés concessionnaires du réseau autoroutier affichent des bénéfices importants (lire ci-dessous). «Ces augmentations constituent des sommes astronomiques sur certains tronçons. Les autoroutes sont largement payées par les contribuables. Même avec l’entretien et la sécurisation du réseau, la hausse est injustifiée. Il est hors de question que des avantages perpétuels soient consentis à l’égard de certains groupes privés au détriment de la compétitivité des entreprises de transport routier, ajoute M. Montagnac. Le transport français est confronté à de sérieuses difficultés économiques face une concurrence qui n’a pas les mêmes coûts que les nôtres. De plus en plus de ces concurrents étrangers n’hésitent pas à prendre les routes nationales, même quand c’est interdit. Leurs temps de conduite ne sont pas les mêmes ». L’OTRE va, au nom des professionnels routiers qu’elle représente, saisir la ministre de l’Environnement Ségolène Royal et le secrétaire d’État chargé des Transports Alain Vidalies pour qu’ils refusent cette hausse en prononçant un gel des tarifs, comme cela a été obtenu en 2015. «Notre ministère de tutelle nous écoute souvent, notamment vis-à-vis de l’Europe. On a cette chance » dit-il, tout en envisageant le contraire : « Il est possible que les professionnels montrent les dents » s’ils n’obtiennent pas gain de cause. Le groupe Vinci n’a pas souhaité s’exprimer sur ce sujet.