Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Braquage à quinze millions d’euros sur la Croisette

- CHRISTOPHE CIRONE, GRÉGORY LECLERC ET LÉA SANTACROCE

Le record du «casse du siècle » reste hors de portée. Mais un braquage à quinze millions d’euros, c’est du jamais-vu à Cannes depuis le mémorable vol au Carlton. Le 31 juillet 2013, un malfaiteur y avait empoché la bagatelle de 103 millions d’euros. Hier matin, c’est encore un individu seul qui a attaqué le joallier Harry Winston, au 29 boulevard de la Croisette. Et là encore, le préjudice se chiffre en millions d’euros. Quinze millions, c’est le montant du butin évalué hier, quelques heures après ce braquage une fois de plus très médiatisé. L’estimation initiale - autour d’un million d’euros - a été revue largement à la hausse. Il faut dire que vingt-quatre pièces de grande valeur ont disparu dans l’affaire. Des parures de diamants, des bracelets, des bagues, enfournés dans le sac d’un malfaiteur activement recherché.

Vigile mis au sol

Hier, 11 h 23. Un homme d’une trentaine d’années se présente, seul, chez Harry Winston. Visage découvert, il s’est contenté de dissimuler son regard derrière des lunettes de soleil. Il passe ainsi sans encombre le filtre du sas de sécurité et du vigile posté à l’entrée. Deux vendeuses sont là pour l’accueillir. Pas d’autre client à cet instant. « L’individu prétend être mandaté par un client pour lequel il souhaite acquérir des parures en diamants, et demande qu’on les lui présente, relate Alain Guimbard, procureur de permanance à Grasse. Mais la vendeuse se méfie et refuse d’ouvrir la vitrine. Elle préfère lui remettre un catalogue. C’est à ce moment-là qu’il sort de sa poche une arme de poing - a priori, un pistolet automatiqu­e de type 7.65 - et brandit une grenade.» Factice ou réelle? L’heure n’est pas aux paris risqués. D’autant moins que le malfaiteur a chambré une cartouche dans l’arme, histoire de bien faire entendre sa déterminat­ion. Sommé de s’allonger par terre, l’agent de sécurité obtempère. Mais un second vigile a suivi la scène par écrans interposés dans l’arrière-boutique. Il compose aussitôt le 17. «Ils ont agi avec sang-froid puisqu’ils n’ont pas cherché à riposter », salue Alain Guimbard. Fort de sa double menace, le braqueur ouvre la vitrine tant convoitée et fait main basse sur les parures en diamants. Aucun coup de feu, aucune violence autre que psychologi­que. Puis il repart comme il était venu: à pied. 11 h 31. La scène a duré huit minutes chrono. Sitôt alertés, tous les équipages de la sécurité publique de Cannes ont convergé vers Harry Winston. Aiguillés par les images vidéo du centre de protection urbain (CPU), ils tentent de suivre la trace du fuyard, qui a remonté la Croisette en direction du Palm Beach. En vain.

Exploitati­on de la vidéo

Quinze millions, c’est donc le fruit d’un crime aussi discret que retentissa­nt. «Vous me l’apprenez! Je n’étais pas au courant, je n’ai rien entendu». À l’instar de cet agent immobilier voisin du joaillier, ni les commerçant­s, ni les passants ne semblent avoir remarqué ce braquage osé. Hier après-midi, entre Majestic et Marriott, rien n’indique qu’un braqueur vient de troubler le calme hivernal de la Croisette. Rien, sinon le rideau tiré en plein jour et les silhouette­s des technicien­s en identifica­tion criminelle. Le parquet de Grasse a confié l’enquête à la police judiciaire de Nice. En attendant l’exploitati­on des relevés d’empreintes, la brigade de répression du banditisme (BRB) a entendu les témoins. Elle espère surtout que les vidéos captées par la bijouterie et la Ville viendront lui offrir un fameux coup de pouce.

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Patrice Lapoirie) Le braquage s’est joué à huis clos, en  minutes chrono, au  boulevard de la Croisette.(Photo

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