Parquet : « Les dealers se sont inspirés du marketing! »
Un défilé. Il n’y a pas une audience sans un (voire plusieurs) dossier lié à de l’offre/cession/transport de produits stupéfiants. « Jamais notre juridiction n’a jugé autant d’affaires au quotidien en rapport avec le trafic de stups », a souligné lors des débats, Ahmed Chafai, intervenant pour le parquet.
Drive, cartes de fidélité et… calendriers
Un défilé de jogging Nike, de survêt’ Adidas ou de baskets Reebok. Des jeunes d’une vingtaine d’années à la dérive. Oisifs. Qui ont stoppé leur scolarité en troisième. Qui vivent chez leurs parents. Qui suivent des formations dans le BTP souvent, qui préféreraient devenir coiffeur parfois. Qui fument beaucoup. Dix joints par jour, confie l’un d’eux à la barre. Pas du matin, ils « charbonnent », c’est-à-dire qu’ils sont en poste, sac en bandoulière, cannabis dosés en sac Zip, dans les coursives des bâtiments ou dans des halls protégés par les «Ara» (cris d’alerte à l’arrivée de la police) des « chouffeurs » (guetteurs). « Dans ce marché du recrutement, on retrouve des pratiques des années 1970 lorsque l’on embauchait les dockers à la vacation. »
Sur canal «weed»
Et de relever les techniques marketings employées par les dealers. « Ils affichent leurs prix. Ce n’est pas 40 € mais 39,99 €. Il y a même des versions “drive”, des bonus, des cartes de fidélité. Certains offrent des calendriers, des stylos ou quelques grammes supplémentaires pour fidéliser!» On assiste aussi au retour du talkywalky, moins traçable que les téléphones mobiles. « Ils sont sur le Canal 6. C’est Canal “weed”. Ils développent un mode de commercialisation avancée pour des produits nuisibles. Il s’agit d’un problème de santé publique ». Ce qui fait prédire au président du tribunal : « Bientôt, ils installeront des drônes-guetteurs. »