Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Je peux dire aux Beausoleil­lois que je suis innocent »

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Comment accueillez-vous cette relaxe ?

Avec beaucoup d’émotion... Et une grande fatigue aussi. Car c’est une contrainte très lourde que j’ai eue au-dessus de la tête pendant sept ans et deux mois. Et il faudra du temps pour que je me remette réellement.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant tout ce temps?

Ce qui m’a le plus surpris c’est que je n’ai jamais été entendu par un juge d’instructio­n sur le fond de cette affaire. J’ai été mis en examen pendant sept ans, avec toutes les conséquenc­es que cela peut avoir. Sans qu’à aucun moment on ne vous donne la parole pour vous expliquer, et qu’à aucun moment vous ne vous sentiez entendu.

Faut-il réformer notre système judiciaire ?

Sept ans d’instructio­n c’est un dysfonctio­nnement. C’est difficile à accepter. Et encore je ne me plains pas. Je suis un élu, j’ai les moyens de me défendre. Il y a sans doute d’autres cas bien plus graves. Cela m’interpelle et peut me donner l’envie de me battre. À condition de pouvoir avoir des résultats concrets. Or, il est difficile de prétendre vouloir rendre plus rapides les décisions de justice. Même si elle n’échappe sans doute pas aux lourdeurs administra­tives, la justice nécessite beaucoup de perfection­nisme car les grandes libertés publiques sont en jeu. Cela demande des moyens qui ne lui ont sans doute pas été donnés par les gouverneme­nts successifs.

Avez-vous le sentiment que la justice a fait preuve d’une exigence de perfection dans l’affaire ?

J’ai été mis en examen pendant sept ans et placé en détention  jours. Évidemment ça m’interpelle. Parce que je suis citoyen français, j’ai un travail, une maison, une famille en France... J’ai toutes les qualités de représenta­tion qu’exige la justice. Et pourtant je me suis retrouvé aux Baumettes où le contrôleur général des prisons a constaté une violation systématiq­ue des droits fondamenta­ux. J’y ai vu des choses qui sont difficilem­ent acceptable­s et tolérables. C’est aussi un combat qu’il faudrait mener. Mais je ne me voyais pas le mener en tant que maire mis en examen. Cette étiquette que j’ai dû porter pendant sept ans m’a beaucoup pénalisée dans mon action politique.

Vous auriez brigué d’autres mandats ?

L’avantage c’est qu’avec cette mise en examen la question ne se posait pas. Je ne m’en sentais pas le droit...

Vous vous êtes pourtant représenté aux municipale­s...

Dans ma ville c’était différent. Je crois que les gens s’étaient fait une opinion très rapidement sur cette affaire. Au niveau départemen­tal ça aurait été autre chose. Je suis un élu indépendan­t, le seul de la bande littorale à ne pas être chez Les Républicai­ns, ça a des avantages et des inconvénie­nts.

Vous aviez parlé de manipulati­on politique au début de cette affaire, c’est toujours votre sentiment ?

Je pense que la réponse c’est la population de Beausoleil qui l’a apportée en réélisant leur maire, pourtant mis en examen, pourtant envoyé en prison. J’ai été réélu avec  % des voix. Visiblemen­t c’était aussi l’avis des Beausoleil­lois. Pour eux je n’ai jamais été coupable. Aujourd’hui je suis heureux de pouvoir leur dire que je suis réellement innocent, même pour la justice.

Redoutez-vous que le parquet fasse appel de cette relaxe ?

Le parquet décidera en son âme et conscience. Je conservera­i la même sérénité.

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(Photo J.-F. Ottonello) Gérard Spinelli, maire de Beausoleil.

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