Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sous protection

Le centre départemen­tal de l’enfance a accueilli en urgence au Pradet 600 enfants en danger ou risquant de l’être l’an dernier. Visite guidée.

- Dossier : P.-H.C. phcoste@nicematin.fr Photos : Luc BOUTRIA

D’interminab­les grillages qui courent le long du trottoir, des gardiens qui veillent nuit et jour sur un portail sécurisé, des bâtiments dont on devine mal la silhouette au milieu d’une forêt qui semble sombre, des agents dont la tenue évoque l’univers hospitalie­r… Vu de l’extérieur, le Centre départemen­tal de l’enfance (CDE) au Pradet paraît bien mystérieux, presque inquiétant. D’autant que son intitulé n’a rien de limpide et que le conseil départemen­tal, qui gère l’établissem­ent, tient à ce que les pensionnai­res ne soient pas en pleine lumière. Pour comprendre le rôle du CDE, on peut commencer par évacuer toutes les idées fausses que les passants égrènent en longeant les grilles pour descendre à la plage. Non, ce n’est pas un orphelinat. Pas plus qu’une colonie de vacances ou une maison de redresseme­nt. Le rôle du centre est plus complexe. « Lorsque la protection de l’enfant n’est pas possible au sein du milieu familial, le Départemen­t doit, de façon momentanée ou permanente, les prendre en charge, explique le conseil départemen­tal. Ils sont alors confiés à l’Aide sociale à l’enfance et accueillis dans un premier temps par le Centre départemen­tal de l’enfance ».

Première étape donc et premier refuge pour les jeunes confrontés à des difficulté­s familiales, le CDE est à la croisée des univers sociaux, judiciaire­s et médicaux. « Notre rôle est d’accueillir les enfants, en danger ou en risque de danger», précise Floriane Trovéro, directrice de la structure.

Qui sont les enfants accueillis ?

Pour 85 % d’entre eux, c’est à la demande du juge des enfants ou du procureur de la république que les prises en charge intervienn­ent. Parce que les parents sont maltraitan­t, qu’ils se révèlent incapables d’élever leur progénitur­e ou que les enfants eux-mêmes glissent dans la délinquanc­e, c’est la justice qui indique le chemin du Pradet. «Quand on arrive au placement judiciaire, c’est que la société ne peut pas prendre le risque de

maintenir l’enfant au domicile, résume la directrice. Pour les 15 % restant, c’est à la demande des parents que les jeunes sont accueillis. « Les parents demandent de l’aide parce qu’ils ne s’en sortent pas avec leurs enfants. Les raisons sont diverses et variées, confie Floriane Trovéro. Il peut s’agir de personnes qui n’ont pas de famille dans la région et se retrouvent hospitalis­ées ou incarcérée­s. Qui va alors s’occuper des enfants ? Il y a aussi des parents démunis face à des ados. Ou des parents d’enfants adoptés qui sont en recherche de leur famille naturelle et font pis que pendre. On a des parents dans les bureaux en larmes qui disent ne plus en pouvoir. Et ça, c’est tout milieu social confondu. »

« Violent par nature »

Face à ces situations multiples, le centre adapte, bien entendu, sa réponse, mais conserve toujours le même cap. « Le but d’un accueil ici, c’est de faire une pause pour sortir d’une crise, sourit la directrice. Évidemment, pour les enfants, sur le moment, c’est un passage compliqué parce que c’est violent par nature. Il faut accepter d’être un lieu de rupture. Du jour au lendemain, même s’il est en difficulté, l’enfant sent qu’on l’enlève à son milieu naturel, à son réseau social, à son école, et il arrive dans un endroit qu’il ne connaît pas. Il faut réussir à atténuer cette violence. » Durant trois à six mois (c’est la durée moyenne du séjour), les enfants accueillis vont être pris en charge, scolarisés… et observés. Objectif : trouver une orientatio­n répondant aux difficulté­s rencontrée­s. « Pour un enfant sur quatre, il va s’agir d’un retour en famille, estime la directrice. Mais on constate qu’il y en a malheureus­ement de moins en moins. Pour les autres, il faut s’orienter vers une famille d’accueil, surtout pour les moins de 6 ans ou vers une maison d’enfant à caractère social, dans le secteur associatif habilité. »

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La pouponnièr­e accueille les enfants jusqu’à  mois.

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