Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Endommagé par une vague un ferry se réfugie à La Seyne

L’équipement de la cabine de pilotage n’a pas résisté à la puissance d’une « vague scélérate » qui a touché le Jean-Nicoli lundi au large du Levant ! Le ferry est réparé au môle d’armement

- P.-H.C. AVEC MA.D.

Drôle de surprise mardi matin dernier pour les passagers du Jean-Nicoli, un ferry de deux cents mètres aux couleurs rutilantes de la Corsica Linea. Partis d’Ajaccio lundi en fin de journée, ils pensaient se réveiller à Marseille. La tempête Zeus en a décidé autrement. Pas de « Bonne Mère » en vue en sortant de la cabine, mais le sommet du Faron, dominant avec majesté la rade de Toulon. Pendant son sommeil, l’équipage du ferry a en effet connu une « petite » mésaventur­e, rendant la traversée pour le moins houleuse…

Radars noyés

Alors que le bateau naviguait sur une mer présentant des creux de dix à onze mètres, un véritable mur d’eau a fait exploser une des vitres de la cabine de pilotage (pourtant à vingt-deux mètres au-dessus de la ligne de flottaison !) et submergé les dispositif­s électroniq­ues de commandeme­nt. « On avait pourtant décidé de partir plus tôt que prévu d’Ajaccio et de prendre une route plus à l’Est que d’habitude pour éviter le gros de la tempête. Mais à 22 h 30, le commandant a été surpris par une vague scélérate qui devait

(1) dépasser les quinze mètres », raconte un responsabl­e de la compagnie Corsica Linea. À moitié aveugle à cause des radars noyés et très limité dans ses capacités à contrôler le navire depuis la passerelle, le Jean-Nicoli se trouvait alors à une quarantain­e de kilomètres au sud des îles du Levant. Impossible dans ces conditions, rendues d’autant plus périlleuse­s par un vent terrible, de poursuivre jusqu’à la cité phocéenne. Alertés, le Cross Med et la préfecture maritime ont décidé de prendre en charge le bateau et de le mettre à l’abri au plus vite dans le port de Toulon. Le remorqueur de haute mer de la Marine nationale, l’Ailette, a été envoyé à son secours. Il a ensuite été pris en charge par deux remorqueur­s portuaires. « Compte tenu de la météo et des fortes rafales, l’accostage a été délicat mais le navire était à quai à 3 h 30 », raconte Christophe Deschodt, le pilote du port qui a veillé sur les manoeuvres. Au petit matin, la cinquantai­ne de passagers a ensuite été normalemen­t débarquée. De leur côté, les Toulonnais, habitués à se contenter de jaune et de gris, ont été surpris de découvrir que le rouge pétard du JeanNicoli ajoutait un peu de couleur « flashy » dans la rade. Depuis mercredi, au tour des Seynois de contempler la robe éclatante du bâtiment. C’est en effet au môle d’armement que la compagnie et les services maritimes finissent d’examiner les dégâts du bâtiment (la coque n’aurait subi aucun dommage) et de remettre au plus vite le poste de commandeme­nt en état de marche. Les avaries ne devraient toutefois plus tarder à être réparées et le Jean-Nicoli à retrouver son port de Marseille, sans doute dès cet après-midi. C’est là que seraient réalisés les derniers travaux. Ses rotations avec la Corse pourraient reprendre dans la foulée. Sans faire trop de vagues, espéronsle.

1. Les vagues scélérates sont des vagues très hautes, soudaines, qui sont considérée­s comme très rares.

 ?? (Photo A. F.) ?? Pour ne pas gêner les rotations des autres compagnies de ferries assurant la liaison avec la Corse, le JeanNicoli a été déplacé mercredi, de Toulon au môle d’armement, à La Seyne.
(Photo A. F.) Pour ne pas gêner les rotations des autres compagnies de ferries assurant la liaison avec la Corse, le JeanNicoli a été déplacé mercredi, de Toulon au môle d’armement, à La Seyne.

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