Mercredi
« Après plusieurs siècles d’injustice, beaucoup de femmes ont intériorisé une prétendue infériorité. »
C’est ma fête ! Cette journée dédiée aux droits des femmes en irrite plus d’un, plus d’une, certains arguant qu’une seule journée, c’est vraiment se moquer du monde, d’autres rappelant les indéniables progrès enregistrés. Le mars est pourtant l’occasion chaque année non pas de pleurnicher, mais de redire les chiffres révoltants des inégalités qui perdurent. Un exemple parmi tant d’autres est celui des chefs d’orchestre: sur chefs répertoriés en France, femmes seulement et aucune à la tête de grandes formations. Pour exercer, elles doivent créer leur structure, comme Zahia Ziouani avec Divertimento ou
Emmanuelle Haïm avec le Concert d’Astrée. Vous penserez peut-être que ce sont des revendications de femmes privilégiées et que leur vie n’a rien à voir avec la galère de celles qui forment les gros bataillons de la précarité et de la pauvreté. Certes, mais étudier les discriminations dont elles sont l’objet est éclairant. Entendre les directeurs de maison de musique confine parfois à la caricature: les femmes feraient fuir le public, seraient incapables de se faire obéir des instrumentistes et trop fragiles pour un métier réputé viril ! Toutes les rengaines que l’on nous sert sournoisement pour nous éliminer des postes de commandement sont à l’oeuvre. Mais c’est aussi dans la tête des femmes que tout se passe. Après plusieurs siècles d’injustice, beaucoup ont intériorisé une prétendue infériorité et pensent que ces fonctions ne sont pas pour elles. C’est ainsi que les femmes sont quasiment absentes des classes de direction dans les conservatoires. Comme le disait si bien madame de Staël : «On nous a ôté le collier du servage mais nous en avons encore la marque autour du cou.» Seules des politiques volontaristes pourront établir l’égalité réelle, et pour l’instant, nos candidats à l’élection présidentielle se sont contentés de quelques déclarations égalitaires de bon aloi mais sans portée opérationnelle.