NOS LECTEURS DANS LA CAMPAGNE
Ancien employé de banque, aujourd’hui retraité, Alain Pratali aime prendre son café dans le quartier du Mourillon. Où les « désabusés » de la politique ont l’air plutôt nombreux...
: les préoccupations quotidiennes au coeur des discussions
Àquelques semaines de l’élection présidentielle, nous plaçons les électeurs au coeur de la campagne. Chaque jour, un lecteur nous sert de guide dans son environnement (quartier, immeuble, association, club, entreprise, commerce…) à la rencontre de ceux qui en sont acteurs. Ils commentent la campagne présidentielle, l’attitude des candidats, évoquent leurs convictions, leurs doutes, leurs attentes. Leurs coups de gueule, aussi. Aujourd’hui, tour d’horizon au Mourillon, à Toulon, en compagnie d’Alain Pratali, un jeune retraité habitué du quartier.
Ils sont « ravis » qu’on leur donne « enfin » la parole. En ce lundi matin ensoleillé, les habitués du Havana Café, au Mourillon à Toulon, alternent entre café chaud et nouvelles fraîches. Au menu du jour : les dernières révélations concernant les costumes de luxe du candidat Fillon. Comme des millions de Français, Alain Pratali commence à sérieusement s’agacer de « tout ce bouillonnement médiatique» qui occulte les « vrais sujets ». «Après tout, résume-til, on n’est ni juge, ni policier. Avec lui, pourtant, les médias et Emmanuel Macron en prennent pour leur grade. « On ne gère pas un pays comme une entreprise», pense-t-il. Ancien employé de banque fraîchement retraité, le Toulonnais regrette qu’on « ne parle pas assez de fond », ou, par exemple, de «ces entreprises obligées de délocaliser » .Cequi le préoccupe au plus haut point? «L’insécurité, le chômage et le manque de perspectives pour la jeunesse ». Alain Pratali a fait comme une majorité de Varois et Azuréens en 2012 : il a voté Nicolas Sarkozy. Et il s’apprête aujourd’hui à soutenir « la seule personne qui a l’expérience suffisante » selon lui pour assurer la fonction présidentielle. Et « tant pis pour le costume, coupe-t-il en défendant son candidat sarthois. Ce qui importe, c’est le projet ».
Or, aucun projet ne semble convaincre la table d’à côté. Parce qu’elle en a « marre de voir toujours les mêmes têtes», Élodie est bien partie pour apporter sa voix à l’ancien ministre de l’Économie. Certes, «par défaut», mais au moins, dit la jeune photographe, lui incarne plus le « changement » et la « sincérité » auxquels beaucoup de monde aspire, ici au Mourillon. Inquiet d’assister à la
« disparition des commerces », Adrien, le serveur du Havana, propose quant à lui « une vraie réforme économique qui nous aide à monter des business». Une idée qui, sur le papier,
plaît plutôt à Sébastien, auto-entrepreneur de 32 ans. Lui a voté Sarkozy aux dernières élections. Mais « c’était avant ». Aujourd’hui, ce jeune papa se dit « désabusé » et « lassé des mensonges ». Persuadé qu’on a «atteint les limites de la démocratie » ,il fait partie de ceux qui pensent que « politique » rime avec « voyou ». Pour lui donc, fini le devoir citoyen… Antonin, lui, a arrêté de voter il y a dix ans. Ce jeune cordiste, fils d’enseignants, n’y « croit plus » non plus. Alors, en attendant que « le vote blanc soit reconnu », il préfère s’en remettre aux jeux à gratter… Sûr que dans ce domaine, les électeurs ont sans doute « plus à gagner ».
‘‘ On a atteint les limites de la démocratie»