Var-Matin (La Seyne / Sanary)

NOS LECTEURS DANS LA CAMPAGNE

Ancien employé de banque, aujourd’hui retraité, Alain Pratali aime prendre son café dans le quartier du Mourillon. Où les « désabusés » de la politique ont l’air plutôt nombreux...

- GUILLAUME AUBERTIN gaubertin@nicematin.fr

: les préoccupat­ions quotidienn­es au coeur des discussion­s

Àquelques semaines de l’élection présidenti­elle, nous plaçons les électeurs au coeur de la campagne. Chaque jour, un lecteur nous sert de guide dans son environnem­ent (quartier, immeuble, associatio­n, club, entreprise, commerce…) à la rencontre de ceux qui en sont acteurs. Ils commentent la campagne présidenti­elle, l’attitude des candidats, évoquent leurs conviction­s, leurs doutes, leurs attentes. Leurs coups de gueule, aussi. Aujourd’hui, tour d’horizon au Mourillon, à Toulon, en compagnie d’Alain Pratali, un jeune retraité habitué du quartier.

Ils sont « ravis » qu’on leur donne « enfin » la parole. En ce lundi matin ensoleillé, les habitués du Havana Café, au Mourillon à Toulon, alternent entre café chaud et nouvelles fraîches. Au menu du jour : les dernières révélation­s concernant les costumes de luxe du candidat Fillon. Comme des millions de Français, Alain Pratali commence à sérieuseme­nt s’agacer de « tout ce bouillonne­ment médiatique» qui occulte les « vrais sujets ». «Après tout, résume-til, on n’est ni juge, ni policier. Avec lui, pourtant, les médias et Emmanuel Macron en prennent pour leur grade. « On ne gère pas un pays comme une entreprise», pense-t-il. Ancien employé de banque fraîchemen­t retraité, le Toulonnais regrette qu’on « ne parle pas assez de fond », ou, par exemple, de «ces entreprise­s obligées de délocalise­r » .Cequi le préoccupe au plus haut point? «L’insécurité, le chômage et le manque de perspectiv­es pour la jeunesse ». Alain Pratali a fait comme une majorité de Varois et Azuréens en 2012 : il a voté Nicolas Sarkozy. Et il s’apprête aujourd’hui à soutenir « la seule personne qui a l’expérience suffisante » selon lui pour assurer la fonction présidenti­elle. Et « tant pis pour le costume, coupe-t-il en défendant son candidat sarthois. Ce qui importe, c’est le projet ».

Or, aucun projet ne semble convaincre la table d’à côté. Parce qu’elle en a « marre de voir toujours les mêmes têtes», Élodie est bien partie pour apporter sa voix à l’ancien ministre de l’Économie. Certes, «par défaut», mais au moins, dit la jeune photograph­e, lui incarne plus le « changement » et la « sincérité » auxquels beaucoup de monde aspire, ici au Mourillon. Inquiet d’assister à la

« disparitio­n des commerces », Adrien, le serveur du Havana, propose quant à lui « une vraie réforme économique qui nous aide à monter des business». Une idée qui, sur le papier,

plaît plutôt à Sébastien, auto-entreprene­ur de 32 ans. Lui a voté Sarkozy aux dernières élections. Mais « c’était avant ». Aujourd’hui, ce jeune papa se dit « désabusé » et « lassé des mensonges ». Persuadé qu’on a «atteint les limites de la démocratie » ,il fait partie de ceux qui pensent que « politique » rime avec « voyou ». Pour lui donc, fini le devoir citoyen… Antonin, lui, a arrêté de voter il y a dix ans. Ce jeune cordiste, fils d’enseignant­s, n’y « croit plus » non plus. Alors, en attendant que « le vote blanc soit reconnu », il préfère s’en remettre aux jeux à gratter… Sûr que dans ce domaine, les électeurs ont sans doute « plus à gagner ».

‘‘ On a atteint les limites de la démocratie»

 ??  ??
 ?? (Photos G.A.) ?? Ambiance décontract­ée, hier en terrasse du Havana Café, avec Antonin, Elodie, Pierre et Alain.
(Photos G.A.) Ambiance décontract­ée, hier en terrasse du Havana Café, avec Antonin, Elodie, Pierre et Alain.

Newspapers in French

Newspapers from France