Var-Matin (La Seyne / Sanary)

RETOUR) / MONACO - MANCHESTER CITY, DEMAIN H « Ils vendent du rêve »

L’ex-Monégasque Edouard Cissé est séduit par l’ASM de Leonardo Jardim et reste confiant quant à la qualificat­ion en quarts. L’occasion pour lui de se souvenir de l’épopée 2004

- RECUEILLI PAR FABIEN PIGALLE

Quand Edouard Cissé évoque Monaco, c’est toujours avec beaucoup d’entrain. Il faut dire que l’ex-milieu de l’ASM, finaliste de la Ligue des champions , a connu des grandes soirées au Louis-II. Demain, c’est depuis Paris que le consultant de Telefoot assistera au match retour contre City. Il croit en la qualificat­ion des rouge et blanc, comme il croyait en la victoire sur le Real Madrid il y a  ans. Déjà.

Que retenez-vous du match aller contre Manchester City ?

C’était un match bien sympa avec huit buts ! Après, j’étais forcément déçu parce qu’il y avait matière à faire mieux... et surtout à prendre moins de buts. Mais, globalemen­t, je préfère qu’il y ait eu du jeu plutôt qu’un vieux - ou - avec beaucoup de frustratio­n.

En tant que joueur, ressorton aussi enthousias­te d’une défaite comme celle-ci ?

Le spectateur que je suis est très content... Le supporter de Monaco que je suis toujours est un peu plus frustré. A  minutes de la fin, on aurait pu fermer le jeu. Si j’avais été joueur, c’est ce que j’aurais voulu faire pour ne pas prendre de but. Faire le dos rond pour que le match retour soit encore plus jouable. Mais globalemen­t, on ne peut qu’être content du contenu. On ne peut pas non plus leur reprocher d’avoir joué.

Un joueur qui vous a surpris ?

Le talent de Kylian Mbappé est devenu une certitude ce soir-là. En Gambardell­a, en championna­t, tout le monde était d’accord avec ça... Mais les grands joueurs, on les attend sur les grands matches. Et il a été à la hauteur. Rapide devant, il prend la profondeur, il est technique, il joue juste. Il est très, très fort.

Sur quoi se jouera le match retour demain soir ?

Franchemen­t je ne sais pas. Monaco a toutes les armes pour marquer des buts, c’est une certitude. City veut jouer au ballon et repartir de derrière, mais il s’expose beaucoup. Cette équipe a des lacunes défensives. Ce sera très ouvert. On fait souvent le parallèle avec le quart de finale qu’on avait remporté contre le Real Madrid en ...

Justement, quel souvenir gardez-vous de cette double confrontat­ion avec Madrid ?

Bien évidemment, déjà, ce match aller au Santiago Bernabeu... Les Galactique­s, wouahhh ! Avec leurs tenues blanches, ils étaient beaux ! Tu mets cinq minutes à te rendre compte qu’il y a un match à disputer. C’est comme si tu les prenais en photo, et puis d’un coup tu te rappelles qu’il y a un match à jouer (rires). Et là, on mène - (Squillaci, ’).

Pourtant, on dit souvent qu’une fois le coup d’envoi donné, toute la magie disparaît...

(il coupe net). Ce n’est pas vrai. Tu peux poser la question à qui tu veux, ils te le diront ! En face, c’était quand même Beckham, Figo, Zidane, Helguera, Raul, Roberto Carlos... Je le répète, ils sont tous très beaux ! Ils sont chez eux, ce sont les tauliers... La façon dont ils se déplacent, touchent le ballon, tu comprends qu’ils ne sont pas comme nous (rires) ! Mais il y a cette phrase de Didier (Deschamps, l’entraîneur à l’époque) qui résonnait en nous : “Ne les respectez pas. Ce sont de supers joueurs, mais ne les respectez pas”. Mais on ne s’est quand même réveillé qu’à la cinquième minute ! Nous menons donc - à la mi-temps, mais attention, on était en surrégime complet. (il coupe) Ah oui, il y avait aussi le gros Ronaldo, la star, “Il Fenomeno” ! Quel joueur ! Après, en deuxième période, ils accélèrent, repassent devant (- : Zidane, ’ ; Figo, ’ ; Ronaldo ’), et on remarque un deuxième but dans les dernières minutes (- : Morientes, ’). Et là on se dit que -, ça rend le match retour jouable ! Faut juste gagner -.

Comment avez-vous géré l’entre-deux matches ?

Quand on joue le Real et que le match retour est chez toi, tu sais qu’il ne faut pas hypothéque­r les matches en championna­t... Mais bon  jours après une soirée comme ça, on n’a pas trop la tête à la L. Physiqueme­nt et émotionnel­lement on n’était pas top. Et oui, on attendait tous ce match retour avec impatience. En janvier, on avait  points d’avance, mais avec les matches européens, l’écart fondait parce que la coupe d’europe pompait de l’énergie (Monaco terminera

Au match retour, Didier Deschamps a su trouver les mots pour vous galvaniser...

Antoine Le Roy de Canal+ nous suivait en Inside .Ala causerie, Didier Deschamps m’avait torpillé (rires) ! Dans une interview accordée à Nice-Matin le jour du match, je disais qu’il ne fallait surtout pas prendre de but... “sinon, on était mort.” Et Didier Deschamps pendant la causerie s’était appuyé sur ce que j’avais dit en insistant justement sur le fait que si nous prenions un but, nous étions tout sauf mort. Qu’il fallait en marquer trois. Cette phrase prononcée une heure ou deux avant le match a résonné en nous. Du coup, quand le Real a ouvert le score au Louis-II (-, Raul ’), on a pensé à tout, sauf à se dire qu’on était mort ! On égalise avant la mitemps (-, Giuly ’) et je me disais : “ok, pas de problème, il reste  minutes pour en planter deux autres”. Nous étions parfaiteme­nt dans le scénario que nous avions imaginé. On était galvanisé. Didier nous a toujours dit : “Ne vous fixez pas de limites.”. C’est ce qu’on a fait.

Au fil du match, sentiez-vous la bande à Zidane perdre pied ?

Je ne faisais même plus attention à eux. En revanche, nous, je nous trouvais plus impression­nant. Plus gros, plus fort. On était là, en confiance. On sentait l’exploit proche. Alors quand on a mené -... c’était énorme (Morientes, ’) ! Alors le -, imaginez (Giuly, ’) ! Madrid était incapable de se remettre dans le match. On volait sur le terrain. On sentait même plus nos jambes, presqu’à se demander au coup de sifflet final si nous avions couru  minutes. C’est le coeur qui avait tout emporté. On se faisait souvent chambrer pour nos supporters, mais ce soir-là, le stade était plein et l’ambiance incroyable.

L’après match ?

Tu ne peux pas dormir ! A quel moment tu peux dormir après un match comme ça ? Explique-moi (rires). En face, il y avait cinq Ballons d’or ! C’était énorme. Quand on sort une équipe comme ça... pff... Didier avait compris. Après le match, il nous a dit : “Bon ok, on se retrouve demain après-midi”. Même pas il avait tenté un “reposezvou­s...” (rires). Pour te dire comme c’était énorme : trois jours après, on se déplace à Lens, et là à Bollaert, le public nous fait une standing ovation. On fait un vieux -. Dans nos têtes, comme dans celles du public, on était encore bloqué sur cette qualificat­ion.

L’ASM attire la sympathie...

Mais c’est exactement ça ! Et je le constate avec le groupe de Leonardo Jardim. Cette équipe vend du rêve ! Y’a pas une vague et tu sens que les mecs sont sympas. Fabinho, il a une bonne tête, Bakayoko pépère, Germain aussi, Falcao posé. T’écoutes Mbappé, bim, tu te dis le gars, à  ans, il est trop cool... C’est une équipe qui respecte le jeu et l’adversaire, donc au final t’as qu’une envie, c’est de les supporter. Mon fils a  ans et il est fan de cette équipe et de l’image qu’elle renvoie.

A la causerie, Didier m’avait torpillé ! ” T’as qu’une envie, c’est de les supporter ”

Vous croyez en la qualif’ ?

Je ne suis même pas paniqué. Deux buts d’écart, ce n’est rien. Pas de soucis. Je suis confiant. En tout cas, ils peuvent le faire. Attention, je ne sais pas s’ils le feront, mais j’y crois. C’est quand même une équipe de costauds ! A tous les postes...

 ?? (Photo AFP) ?? Après avoir perdu à Madrid - en , Monaco s’était qualifié en l’emportant - au stade Louis-II.
(Photo AFP) Après avoir perdu à Madrid - en , Monaco s’était qualifié en l’emportant - au stade Louis-II.

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