Maïsano, nouveau départ en terre inconnue
Ne cherchez plus sa trace sur les circuits accueillant des meutes jeunes loups en quête d’un destin doré en F1. Brandon Maïsano a tourné la page. Parce qu’il se trouvait
« dans une impasse », dit-il, l’ancien pensionnaire de la Ferrari Driver Academy de 2010 à 2012, au côté de Jules Bianchi -, s’est résolu à abandonner son ambition suprême. Pour mieux redémarrer là où on ne l’attendait pas : au volant d’une voiture de rallye ! « Après une saison blanche, sans courir, j’ai remis le contact en 2014 car Luca Baldisseri (le patron de la pépinière du cheval cabré, ndlr) souhaitait que je chaperonne leur espoir canadien, Lance Stroll », explique l’Azuréen de 23 ans.
« L’expérience avait plutôt bien débuté puisque je décroche cette année-là le titre italien en F4. Mais la suite fut plus compliquée. En championnat d’Europe FIA F3, je devais surtout l’aider, rouler pour lui, en qualif’ et
en course. Ça devenait frustrant, d’autant que je n’avais pas un super feeling avec la voiture. » La cassure se produira
donc en 2015. « L’horizon semblait vraiment bouché. Moi, je ne me voyais pas poursuivre ma carrière ailleurs qu’en monoplace. Seul le championnat allemand des voitures de tourisme (DTM) me tentait, à vrai dire. Audi m’avait d’ailleurs proposé un jour de test. Roulage jamais accompli car Ferrari a mis son veto. »
Top départ sur une feuille blanche
Aujourd’hui, pendant que la comète Stroll s’apprête à explorer le top niveau dans le baquet d’une Williams, Maïsano prend un nouveau départ en terre inconnue. « Les rallyes, je les regardais de loin », poursuit-il. « Bien sûr, j’étais impressionné par les cadors du WRC, mais il n’y avait pas d’attirance particulière. Jusqu’au jour où l’opportunité d’en disputer un s’est présentée... » Séduit par son coup d’essai à bord d’une Peugeot 208 R2 apprivoisée
sans aucune préparation voilà un an sur les routes du Rallye national du Pays Ajaccien, le natif de Cannes vivant à Vallauris a vite
décidé de persévérer. «Si la technique de pilotage ne varie presque pas, il faut assimiler de nombreux paramètres nouveaux inhérents à la lecture du terrain. Le principal, évidemment, c’est le système de notes. Moi, au début, je pensais que j’allais piloter tout le temps à vue ! Avec mon ami valbonnais Pierre Pebeyre, lui aussi débutant, nous sommes ainsi partis quasiment d’une feuille blanche. » Malgré quelques inévitables erreurs de jeunesse, le sociétaire de l’ASA Grasse monte en puissance. En témoigne le tir groupé réussi en fin de saison dernière, au Terre de Vaucluse (2e de la classe R2) et au Rallye du Var, où il s’invite dans le top 5 de la 208 Rally Cup en signant au passage plusieurs chronos révélateurs. « Ma chance, c’est d’avoir rencontré en cours d’année un super pilote, Manu Guigou, le patron du team Automeca », souligne Brandon. « Son expérience, ses conseils ont agi comme un coup d’accélérateur. Au fur et à mesure, j’arrive à mieux gérer mes efforts. A mieux négocier les changements d’adhérence dans les spéciales, également. »
« Prêt à hausser le rythme »
Le voilà maintenant à l’aube d’une année charnière. « Je vais disputer les sept manches de la 208 Rally Cup avec l’objectif de poursuivre ma progression. Les deux petites courses enchaînées récemment en Corse ont constitué un bon échauffement. Là, je me sens prêt à hausser le rythme. Il le faudra vu la concurrence en lice, toujours très étoffée au sein de cette formule de promotion qui offre à son lauréat un volant officiel pour un programme international. » Avant de viser le titre en 2018, si affinités, l’ancien pistard se verrait bien gravir un premier podium côté asphalte. « Je dois aussi franchir un cap sur terre », conclut-il en pensant à la manche d’ouverture qui se profile droit devant (Terre des Causses, 1er-2 avril). Couronné champion d’Italie de Formule Abarth il y a sept ans, dès ses débuts en monoplace, Brandon Maïsano a déjà démontré qu’il sait apprendre et grandir à toute vitesse.