Oubliés de l’école
L’avis de Pascal Sabatier, psychologue de l’Education nationale
En poste sur les secteurs Centre Var et Haut Var, ce Gardois fait partager ses ans d’expérience.
D’accord avec cette étude qui compare les orphelins à des « invisibles » à l’école ?
Je nuancerais en rappelant que les réformes successives du système font que la communication s’est améliorée entre les différents partenaires de l’Education nationale, ne serait-ce qu’avec les cellules de veille.
Les enseignants sont-ils au courant dès la rentrée?
Un logiciel leur permet d’avoir accès aux données de base concernant chaque élève. Si l’un des parents n’apparaît pas, cela peut interroger… Mais les causes peuvent être multiples. Pas seulement le deuil. Si la situation est jugée nécessaire à cause de troubles de l’attention, du comportement, de la mémorisation, des absences répétées, etc., c’est à nous de faire le lien avec l’équipe pédagogique sur ces informations.
Les enseignants sont-ils formés pour faire face ?
Il n’est pas question de technique. C’est une question de bon sens. Chacun a sa sensibilité pour gérer la situation. L’enseignant doit être attentif pour repérer les signes précurseurs d’une souffrance et faire preuve de discrétion. Informer toute la classe par exemple est une mauvaise idée.
Comment l’enfant encaisse-t-il ?
Dans la majorité des cas, les orphelins n’en parlent pas, car ils ont peur d’être stigmatisés. Ils ont juste envie d’être un élève comme avant et se créent une façade pour y parvenir. L’enfant va se construire avec cette absence. Mais tout dépend bien entendu de chaque deuil. Certains seront dans le non-dit, d’autres en parleront spontanément… Mais dans des situations traumatisantes, la famille ne doit pas hésiter à externaliser la prise en charge auprès d’un psychologue libéral, une association, un groupe de parole habilité, etc.
Les orphelins sont-ils davantage en échec scolaire ?
Pas du tout ! L’enfant peut perdre le sel de la vie, mais pas forcément l’envie d’apprendre. Dans bien des cas, réussir leur scolarité est un challenge pour surmonter cette épreuve qui leur est infligée. N’oublions pas que l’échec scolaire est multifactoriel.
Souvent l’enfant évite le sujet par peur d’être stigmatisé