Introspection à la conquête des espaces du Mercantour
Lionel Prado, jeune réalisateur niçois, s’est immergé dans le parc du Mercantour pour tourner son premier court-métrage. Entre amour de la nature et quête de soi, un voyage contemplatif
Lionel Prado s’est installé à une table d’un café du Vieux-Nice, à quelques pas de la place Masséna, là où s’ouvre son film intitulé Introspection. Autour, passent des badauds, inlassablement, dans la rumeur de la rue et le tumulte de la ville. Pour s’en extraire, il faut voir les images d’immensité et de nature qui composent son premier film. Le court-métrage, d’une quinzaine de minutes, sorti le 10 janvier, est visible gratuitement sur Internet (1). Contemplatif et sobre, il relate le parcours quasi initiatique d’un personnage qui fuit la ville pour la nature, dans une sorte de quête de lui-même.
Une mystique de la nature
Comme l’individu qu’il incarne à l’écran, Lionel Prado aime prendre le large, loin de ce cadre urbain. À 26 ans, gagner les hautes sphères de l’arrière-pays, les vallées, les sommets du Mercantour est son plus
grand plaisir. « Ce film, c’est le résultat de trois années passées à explorer le parc. Ma famille vient, à l’origine, du col de la Bonette. Elle menait une vie plutôt dure, et aujourd’hui, mes proches vivent sur le littoral, loin de la montagne » raconte-t-il, comme pour se justifier.
« Alors, j’ai eu envie de retrouver cela, pour redécouvrir la force et l’énergie, reconquérir en quelque sorte ma légende personnelle »,
lâche-t-il, en référence au livre de Paulo Coelho, L’Alchimiste. Le jeune homme aime évoquer une mystique qui le porterait à s’immerger dans le grand cirque de la nature. Quitte à rester un peu vague, volontairement imprécis sur les tenants et les aboutissants du projet. Il ne veut pas en dire trop, se méfie. Finit par se dévoiler un peu. Étudiant en informatique durant cinq ans à Valrose (faculté des sciences à Nice), à la sortie, il tâte un peu de tout : du développement web, comme de l’agence de communication, « pour mettre de l’argent de côté ». Puis, il passe à la photographie.
Au grand air, avec les animaux. « Il était intéressé par la nature, la réflexion, le côté spirituel », se souvient Cyril Giroud, son frère, c’est moi qui l’ai poussé à faire du cinéma. » Ils décident de se lancer à deux. Cyril, diplômé d’une école d’audiovisuel, s’occupera de la production du film.
Une relation privilégiée
Au fondement du projet également, la musique, « spirituelle et mystique, qui porte le film par sa voix off ». L’artiste Hoenix a imaginé la bande originale qui doit ajouter au film cette dimension particulière. Un scénario très sobre, pour
un court-métrage largement contemplatif. Durant trois saisons, la caméra suit le personnage, évoluant dans la nature. Des images de paysages filmées au drone, mais pas seulement. Pour les besoins de la réalisation, Lionel Prado est parfois parti seul avec une caméra. « Je voulais aller chercher quelque chose de privilégié », explique-t-il. Afin de faire ressentir cette émotion, le jeune homme passe et repasse au fil des mois sur ces chemins, dans la vallée de la Tinée, dans le Mercantour. «Il y a certains moments, on passe tellement de fois dans un endroit que l’on découvre des choses que l’on ne voyait pas au premier abord. Il y a des rencontres qui se font, et cela ne se produit pas en claquant des doigts. »
Des rencontres, c’est le film qui a permis au jeune homme d’en faire. Récemment il a remporté une bourse pour partir réaliser un reportage-photo de ses rêves. Cinq mille euros, offerts par le magazine Terre Sauvage et la fondation écologiste Iris. « Je pars au Ladakh (un territoire situé à l’extrême nord de l’Inde, et le moins peuplé du pays) étudier le léopard des neiges et la cohabitation avec les bergers afin de valoriser la vie avec la nature, prédateurs compris », nous fait-il savoir par mail. Des photos qui serviront « sûrement à mon prochain film », glisse-t-il.