« Cette élection pose les problèmes du siècle »
Séduit par le verbe de Mélenchon mais visiblement plus proche d’Emmanuel Macron, le cofondateur de Châteauvallon évoque à Toulon « une campagne passionnante ». Ah bon?
Invité exceptionnel de notre série« leslecteurs dans la campagne », Gérard Paquet. Dans les années , il a fondé Châteauvallon à Ollioules avec ses amis les Komatis. En , l’aventure s’arrête brutalement. Il est sacqué par la municipalité toulonnaise frontiste qu’il combat. Sa gestion est, il est vrai, contestée. Il l’avoue, « j’essaye d’être rigoureux intellectuellement, mais je ne suis pas un gestionnaire ». Qu’a-t-il fait ensuite? La création de « la maison des métallos » à Paris, premier grand chantier culturel de Bertrand Delanoë. Puis Marseille, où il a transformé la nouvelle rocade L en rendez-vous des artistes qui s’y partagent les murs.
Les trois dauphins en pierre de la fontaine de la place Puget, à Toulon, barbotent dans le soleil d’avril. À la terrasse du Chantilly, Gérard Paquet déjeune d’un loup grillé, en compagnie d’amis de l’association des lecteurs de Varmatin. Toujours le même air de pâtre grec qu’au temps où il dirigeait Châteauvallon. Des convictions qui ont évolué avec leur temps, sans vraiment changer. La campagne électorale le met en appétit. Il la trouve « passionnante. C’est la première qui pose les problèmes du siècle dans lequel nous entrons progressivement» .Ce n’est pas l’avis général. Mais le cofondateur de Châteauvallon persiste. «Surgissent
des questions pleines de troubles. Dans un monde aussi bouleversé que le nôtre, il est naturel qu’il y ait du trouble, des affaires, de la difficulté à aborder des choses du fond». Le fond? C’est plutôt l’écume qui domine, à deux semaines du premier tour. «J’ai toujours pensé que l’écume disait un certain nombre de choses du fond de la mer, du ciel, du soleil, et du reste». C’est beau comme du Mélenchon. Un candidat « qui me séduit beaucoup, pour ce qui est du verbe». Mais ce n’est pas ce bulletin qu’il glissera dans l’urne. D’ailleurs, il se refuse à désigner son candidat, «pas envie de le dire». Même si l’ancien conseiller municipal écologiste
d’Ollioules penche à l’évidence très fort du côté d’Emmanuel Macron. «Il ne dit pas “ni droite ni gauche” mais “et droite et gauche”, ce n’est pas du tout la même chose. Il ne négativise pas que l’on soit d’un camp ou de l’autre. Il y a chez lui une volonté de casser les lignes. Pas
sagesse et une capacité d’entraîner des gens très différents». Macron, « le seul pour l’ouverture au monde», à incarner le pays des droits de l’Homme. L’un des deux, «avec Mélenchon à poser un certain nombre de questions universelles. On vit une époque où on a peur du monde au lieu de l’aimer» . Pas de rabibochage, on s’en doute, avec le Front national. Il ferraillait déjà très dur à Toulon avec la municipalité Le Chevallier et avec son mentor, Jean-Marie Le Pen. «Aujourd’hui, j’en suis à me demander si je ne préférais pas le père à la fille. Avec lui, on savait où on était. Marine Le Pen dit que les autres sont attrape-tout. Plus attrape-tout qu’elle, tu meurs». Plus inattendu, lui qui vota Hollande en 2012 n’est pas tenté par le vote Hamon, «en voie de defferrisation», allusion à la présidentielle de 1969 où le candidat socialiste plafonnait à 5 %. Il a très vite compris, lors du précédent scrutin que le pays aspirait à un président
normal. «En cinq ans, la France a bien vu que la normalité ça ne marche pas. Aujourd’hui, elle ne sait pas ce qu’elle veut». Fillon? Non, bien sûr, même si le petit-fils de préfet maritime ménage ce pur produit «de la bourgeoisie catholique dans laquelle je suis né» .Pasde soupçon de malhonnêteté mais le constat «d’une coupure avec les gens dans la difficulté». Il voit en lui «un plus faible adversairecontre Le Pen que Macron». Parce que le front républicain donne des signes d’usure, « beaucoup de gens en ont marre d’être pris pour des gogos». Dans un mois, un nouveau président, avec l’espoir qu’il remette la culture au coeur de son projet. «Pas simplement dans le sens artistique du terme», mais une culture qui couvrirait «l’ensemble des rapports que l’on a avec soi, avec les autres et au monde», une culture plus proche de la devise de Châteauvallon qui conjuguait «humanisme, art et sciences». « La culture est très peu présente dans cette campagne. C’est l’un des signes que la société ne comprend pas dans quel monde elle est en train de rentrer. Je mettrais la culture et l’éducation au centre, pas seulement la culture du ministère, je la redéfinirais comme quelque chose de central. »
Hamon est en voie de defferrisation » sûr que ça durera, mais dans le temps présent». Gérard Paquet décèle chez le candidat d’En Marche! «une forme de