Pampelonne, l’oasis varoise en sursis
Montées de mercure et de la mobilisation à Ramatuelle, où les plagistes font peser dans la balance leurs arguments économiques face au tant redouté démembrement d’un site au rayonnement mondial
Conclave les pieds dans le sable cette semaine. Autour de la table, trois figures de l’Association des Exploitants de la Plage de Pampelonne (AEEP). Son président JeanClaude Moreu et ses deux « lieutenants », Jacques Naveau et Josselin Chouvet, respectivement à la tête des Jumeaux, Cabane Bambou et Tabou Beach. Dans l’air, comme un malaise qui anticipe la fin des 60 glorieuses pour cet « espace naturel remarquable » Pourtant ici personne ne se résigne. Face aux « injustices du décret plage » et à un schéma d’aménagement « unique en France mais insatisfaisant », tout l’enjeu est de faire comprendre que les dommages du rouleau compresseur étatique dépassent de loin le cas d’une vingtaine de plagistes. Discussion à bâtons rompus sur le sens du combat.
Au nom de l’environnement
« La justification de tout cela, c’est la lutte contre l’érosion des plages et la préservation du cordon dunaire, or il se trouve qu’ici l’incidence est mineure. Pampelonne est même considéré comme un piège à sable. De plus, cas quasi-unique, nous n’avons pas de routes qui serpentent le long des plages mais des accès perpendiculaires. En revanche nous n’avons pas de profondeur de plage ce qui nous pénalise… Alors pourquoi restreindre encore nos surfaces d’exploitation alors que la fréquentation touristique est exponentielle ? De plus exiger le démontage annuel des plages aura un impact terrible sur l’éco-système… ».
Un bassin d’emplois
« Pampelonne ce n’est pas seulement Paris Hilton qui fait sauter des bouchons de champagne. Ni un combat de nantis qui veulent garder leurs privilèges, comme on l’entend parfois… C’est avant tout un patrimoine et un moteur économique (lire par ailleurs) qui ne pollue pas, avec des centaines d’emplois, des artisans que l’on fait travailler et un sacré tremplin commercial pour nos vins dans le monde. Si demain il n’y a plus tout ça, les yachts ne viendront plus, les hôtels désempliront, les prix de l’immobilier flancheront, etc. Les élus locaux manquent de caractère là-dessus. La communauté de communes est très timide… Les retombées vont pourtant bien audelà de Ramatuelle ».
Les grands groupes en embuscade
Que pèsera le « petit plagiste » lorsque les groupes internationaux soumissionneront pour décrocher un lot et que les redevances auront triplé voire quadruplé pour amortir les investissements consentis par la commune afin d’aménager les lieux ? Cette question, les exploitants actuels la redoutent au point d’imaginer être demain rayés de la carte… «Quand viendra le temps des négociations pour attribuer les lots de plages, avec une redevance composée d’une partie fixe et d’une partie variable indexée sur le chiffre d’affaires, comment imaginer que le candidat qui a les reins assez solides pour proposer 3% plutôt que 2 % de son chiffre d’affaires - qu’en plus il prévoit plus élevé -, ne soit pas choisi par la mairie… Avec les grands groupes, il n’y a plus de logique de rentabilité. À Pampelonne si l’on prend le cas d’un grand hôtel, c’est une question d’image d’avoir sa plage… ».
Frapper fort cet été
« Oui il y aura une mobilisation cet été car nos employés aussi sont très inquiets. Ces gens qui ont fondé une famille dans le golfe n’auront plus de travail demain. Et nous, tout ce que nous avons investi à travers deux générations partira en fumée… Alors nous voulons frapper fort pour mettre les politiques face à leur responsabilité. Il faut une table ronde pour voir comment maintenir cette économie balnéaire tout en préservant l’environnement. Sinon cette économie partira ailleurs ! ».
‘‘ Ce n’est pas un combat de nantis »