Attentat sur les Champs-Élysées : l’acte d’un multirécidiviste
Au lendemain du meurtre d’un policier à Paris, l’enquête s’est concentrée, hier, sur le parcours du tueur, Karim Cheurfi, un multicondamné, et son lien éventuel avec le groupe État islamique
Karim Cheurfi avait quatre condamnations et deux passages en prison. Les lourds antécédents judiciaires de ce Français de 39 ans, auteur du meurtre d’un policier sur les Champs-Élysées jeudi soir, ressortaient hier. Ce dernier avait déjà eu affaire à plusieurs reprises à la justice, pour des faits de vols avec violence puis trois tentatives d’homicide. Les investigations se sont focalisées sur sa personnalité et les motivations qui l’ont poussé à commettre cet attentat. Jeudi soir, le tueur, arrivé en voiture sur les Champs-Élysées, s’est porté à hauteur d’un car de police stationné sur l’avenue. Il est descendu et a ouvert le feu avec un fusil d’assaut kalachnikov sur le véhicule, tuant sur le coup le policier de 37 ans (lire ci-dessous) assis au volant, de deux balles à la tête, a précisé hier le procureur de Paris, François Molins.
Il « n’était pas fiché S »
Il a ensuite contourné le car de police et tiré à plusieurs reprises sur des policiers en faction sur l’avenue, blessant grièvement un policier de 34 ans, dont les jours ne sont pas en danger, et légèrement un troisième policier de 31 ans, et une passante allemande touchée au pied par des éclats de balle. Le procureur a souligné que Karim Cheurfi « n’était pas fiché S » (considéré comme une menace pour la sûreté de l’État) et « n’avait pas présenté tout au long de sa période d’incarcération, donc pendant une période de quasiment 14 ans, [...] de signes de radicalisation ou de signes de prosélytisme ». Il avait été arrêté le 23 février après avoir affirmé à un proche, en décembre, vouloir « tuer des policiers en représailles de ce qui se passait en Syrie », pris des contacts pour acheter des armes et acheté des couteaux commando, une mini-caméra et des masques sur Internet.
Un mot défendant Daesh a été retrouvé jeudi soir
Mais il avait été relâché le lendemain, la justice estimant ne pas disposer d’assez d’éléments, selon des sources proches de l’enquête. Une enquête antiterroriste avait néanmoins été ouverte en mars à son sujet. Puis, en avril, il avait été convoqué par le juge d’application des peines de Meaux (Seine-et-Marne) car il avait effectué en janvier et février un voyage en Algérie – « pour s’y marier », selon lui – sans avertir la police, comme il en avait l’obligation. Lors de sa convocation, le juge n’avait toutefois pas révoqué son sursis avec mise à l’épreuve, a précisé François Molins. Karim Cheurfi, qui semble avoir agi seul selon les premiers éléments de l’enquête, avait été condamné en 2005 à quinze ans de réclusion pour tentatives d’homicide volontaire, notamment sur un policier en Seine-et-Marne. Son lien exact avec le groupe État islamique (EI), qui a rapidement revendiqué l’attaque jeudi soir, reste à établir. Jeudi, un mot manuscrit défendant Daesh a été retrouvé sur les lieux de l’attaque, avec un fusil à pompe, deux gros couteaux et un Coran.
« Comme s’il venait de Mars »
Selon l’EI, l’attaque a été menée par un combattant du nom d’« Abu Yussef le Belge », une nationalité qui ne correspond pas à celle, française, de Karim Cheurfi. Salim, un ami de la famille du tueur, l’a décrit comme un type qui «aungrain» et « a passé une bonne partie de sa vie en prison ». Pour un voisin, qui dit le connaître depuis vingt ans, « ses actes, ses réactions, sa façon de marcher, son attitude étaient en décalage, comme s’il venait de Mars ».