Aurore : Agnès Jaoui en quinqua épanouie
De Blandine Lenoir (France). Avec Agnès Jaoui, Thibault de Montalembert, Pascale Arbillot. Durée : h . Genre : comédie. Notre avis :
AAURORE
vant de faire faire partie du jury de Cannes 2017 (voir par ailleurs), Agnès Jaoui campe dans le nouveau film de Blandine Lenoir, Aurore, une quinquagénaire soixante-huitarde, que la perspective de devenir grand mère n’enchante guère. D’autant qu’elle vient de perdre son boulot de serveuse et que les bouffées de chaleur de la ménopause ne lui laissent aucun répit. Mais comme elle n’est pas du genre à se plaindre, ni à baisser les bras, Aurore va repartir au combat et trouver le réconfort dans les bras d’un ancien amour de jeunesse. « J’aimerais bien avoir son tempérament et son optimisme ! », nous confiait l’actrice aux Rencontres d’Avignon, où le film était présenté en avant-première. Plus solaire que jamais, Agnès Jaoui incarne pourtant cette Aurore avec beaucoup d’allant. Le côté militant du film a évidemment titillé sa fibre féministe. « C’est important de montrer qu’une femme de 50 ans n’est pas forcément bonne pour la casse, plaide-telle. Il y a au cinéma une acceptation sournoise de l’inégalité homme-femme sur la question de l’âge. Pour jouer une femme de 40 ans, on va prendre une trentenaire. Et si la vedette masculine a soixante ans, sa femme aura trente ans de moins. Je trouve ça injuste et très irritant ». Très peu de films, en effet, passent le test de Bechdel qui est pourtant simple : il faut qu’il y ait au moins deux personnages féminins identifiés et une scène où elles ne parlent pas d’un homme ! « Si je regarde ma filmographie, je ne suis pas sûr d’en trouver un, poursuit Agnès. Les amitiés féminines sont rarement racontées dans les films alors qu’elles sont au moins aussi importantes que les amitiés masculines qui sont le sujet de centaines de films, poursuit-elle. C’est, entre autres, ce que montre le film de Blandine et c’est pour cela que j’ai eu à coeur de le faire. » Elle a fort bien fait car, même si cette comédie n’est pas sans défauts (manque de rythme notamment), le rôle lui va comme un gant. Et elle trouve dans ses partenaires, dont l’épatante Pascale Arbillot, un support efficace. La scène dans laquelle cette dernière déclenche une scène de ménage dans la rue, en se faisant passer pour la maîtresse d’un inconnu devant sa femme, restera dans les annales. Pourvu qu’elle ne donne pas des idées aux spectatrices ! Tendre et drôle, Aurore, illuminera votre journée.
L’histoire
Auteure reconnue, Deborah Lipstadt (Rachel Weisz) défend farouchement la mémoire de l’Holocauste. L’historien David Irving (Timothy Spall) la met au défi de prouver l’existence de la Shoah. Sûr de son fait, il assigne en justice Lipstadt, qui se retrouve dans la situation aberrante de devoir prouver l’existence des chambres à gaz…
Notre avis
À sujet délicat…. Traitement lourdingue. Académique de bout en bout et visiblement dépassé par l’ampleur de la tâche, le réalisateur de Bodyguard, bien qu’appliqué, n’arrive à aucun moment à retranscrire sur l’écran l’ampleur du combat contre le négationnisme mené par sa Deborah Lipstadt, américaine venue à Londres affronter un charlatan antisémite. Dans la peau de cette femme forcée de se taire pour ne pas se laisser emporter par ses émotions face au juge, Rachel Weisz convainc. Face à elle, Timothy Spall baratine et grimace à outrance. Trop, beaucoup trop, pour qu’on croit à sa méchante figure. Le symbole d’un traitement manichéen où on cherche une once de subtilité. Le procès du siècle n’est donc pas le film du siècle. Ni de la semaine. CQFD.