Le quitte ou double de Mélenchon
Certes, les résultats des urnes n’ont pas comblé son espoir fou des derniers jours de campagne de figurer au second tour de l’élection présidentielle. Sa rage mal contenue dimanche soir témoignait de sa déception d’échouer si près du but. Reste que Jean-Luc Mélenchon aura
rempli le premier des objectifs qu’il s’était fixé dans cette course élyséenne : faire mordre la poussière au candidat du Parti socialiste. Sans doute aurait-il préféré laminer un rival plus social-démocrate que Benoît Hamon, mais le contrat de départ est rempli. Avec éclat même : ses ,% représentent électeurs, soit de plus que Hamon ! Sept millions de Français qui le contraignent à oublier son amertume pour se demander comment les conserver et les entraîner dans une autre aventure politique pour, comme il l’avait annoncé, que le corbillard du PS finisse bien au cimetière. C’est le nouveau défi qui l’attend. Il éclaire son attentisme sur la question du barrage au Front national.
La ligne de « l’insoumission » qui lui a permis de frôler le second tour rend très difficile « une soumission » pure et simple à Emmanuel Macron. Il n’est pas sûr, d’ailleurs, que le chantage du premier secrétaire du PS, JeanChristophe Cambadélis, sur le thème
« Ne pas appeler à battre Marine est intenable quand on est de gauche », n’ait pas l’effet inverse de celui recherché. L’insoumis en chef n’obéira à aucune injonction. Il n’entend pas, surtout, se faire piéger par cette gauche réformiste qu’il combat.
Politique jusqu’au bout des ongles, il s’est donc donné du temps, rendant la parole aux internautes qui ont soutenu sa candidature. Le noyau dur d’un électorat qu’il voudrait transformer en force constituée pour poursuivre son entreprise de démolition du PS et humilier au passage François Hollande, « capitaine de pédalo » qu’il combat idéologiquement depuis plus de ans. Il déteste le personnage – qui le lui rend bien – car il considère qu’il a trahi le socialisme. Nul doute, cependant, qu’il prendra
position. Sans doute le fera-t-il dans le registre « pas une voix ne doit aller au Front national » mais, au passage, il accablera Hollande et compagnie, responsables à ses yeux de cette situation. Pilonner les socialistes, les accabler de tous les maux est, en effet, la seule voie qu’il puisse choisir pour tenter de transformer son essai des présidentielles en une réussite aux élections législatives. La déstabilisation du système droite-gauche traditionnel peut lui permettre de parvenir à ses fins. L’avenir de son entreprise est donc dans une chambre ingouvernable au sein de laquelle les Insoumis auraient suffisamment d’élus pour exister et éviter que la gauche Mélenchon née le avril ne sombre dès le mois de juin.
« La déstabilisation du système droite-gauche traditionnel peut lui permettre de parvenir à ses fins. »