Vignes gelées : les dégâts pas encore estimés
Des secteurs où les viticulteurs ont tout perdu, d’autres où il n’y a rien eu. S’il est trop tôt pour faire un bilan précis des dommages causés par le gel, le centre Var a beaucoup souffert
Le monde agricole a subi dans la nuit du 20 au 21 avril une « gelée noire », selon les professionnels, c’est-à-dire un gel d’hiver avec des températures négatives jusqu’à moins 7 et moins 8 degrés enregistrés à Barjols, alors que les gelées printanières font descendre le thermomètre entre moins 2 moins 3 degrés. Géographiquement, la zone concernée s’étend de Gonfaron à Signes et de Flassans à Pourrières. Quelques domaines ont également été touchés à La Môle, des deux côtés de la rivière éponyme, qui traverse la commune.
hectares concernés
L’heure est toujours au recensement des dégâts. « On est en plein état des lieux, explique-t-on à la chambre d’agriculture du Var. Lundi, une cellule de crise s’est réunie à Flassans, en présence d’Alain Baccino, président de la chambre, avec les coopérateurs, les représentants de la MSA, des assureurs et des banques. Une fiche de collecte d’informations tourne jusqu’à la fin de la semaine pour connaître précisément les dommages. » Hier soir, l’institution avait recueilli cent vingt remontées de vignerons qui ont déclaré la perte de 1200 hectares sur les 3 200 qu’ils exploitent. En moyenne 40 à 50 % de leurs vignes ont été touchées, la fourchette allant de 10 à 100 % selon les parcelles. Pour se faire une idée des surfaces que cela représente au niveau du département, il faut savoir que le vignoble varois couvre moins de 30 000 hectares. «Faire un bilan est prématuré, précise Laurent Rougon, président de la fédération des caves coopératives du Var. Le vignoble varois est un peu plus épargné par rapport à d’autres en France. Ici, ça reste limité à une zone géographique. Il y a des domaines qui ont tout perdu et d’autres rien. C’est malheureux pour ceux à qui c’est arrivé et qui sont dans la détresse. »
Des maraîchers également touchés
S’il précise que «la récolte n’est pas affectée dans sa globalité. Les marchés de vins seront servis, ça ne remet pas en question l’équilibre entre l’offre et la demande », il reste sur la réserve, puisqu’une « autre vague de froid est attendue vendredi et samedi» (NDLR aujourd’hui et demain). D’autres producteurs du centre Var ont souffert. Maraîchers à Garéoult, Jennifer et Fabrice Ruiz (le Potager du cabanon), ont perdu environ un demi-hectare de vigne (raisin de table). Ils ne savent pas si leurs arbres fruitiers vont donner, « car ça commence à tomber ». Et d’ajouter : « Heureusement pour le reste, on a réussi à chauffer les serres ». La profession veut rester positive, mais les viticulteurs victimes sont inquiets (lire ci-dessous) pour leur activité. Tous restent dans l’angoisse à la perspective d’un autre épisode de gel.